L’histoire de David et Jonathan est racontée aux chapitres 18 à 20, puis 30 du 1er livre de Samuel puis au ch. 1 du 2d Livre de Samuel
Dès que David se mit au service de Saül, son fils Jonathan fit alliance avec David, parce qu’il l’aimait comme lui-même. Jonathan se dépouilla du manteau qu’il portait et le donna à David, ainsi que ses habits, et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon. (1 S 18,1-4)
La popularité de David finit par provoquer la colère et la jalousie de Saül qui essaiera de le tuer à plusieurs reprises. Mis au courant de l’une de ces tentatives, Jonathan avertit David et lui recommande de se cacher, parce que « Jonathan, fils de Saül, aimait beaucoup David. » (1 S 19,1) David est forcé de fuir devant Saül pour protéger sa vie. Un moment, lorsqu’ils se retrouvent seuls, David dit à Jonathan : « Ton père sait très bien que je suis en faveur auprès de toi. » (1 S 20,3) Alors, Jonathan lui dit : « Ce que tu désires, je le ferai pour toi. » (1 S 20,4) Ils développent ensemble un plan et « Jonathan fit encore prêter serment à David, dans son amitié pour lui, car il l’aimait comme lui-même. » (1 S 20,17)
David accepte de se cacher jusqu’à ce que Jonathan puisse affronter son père et s’assurer que son ami pourra revenir au palais en toute sécurité. Au cours d’un repas Saül laisse éclater sa colère et Jonathan sauve David en lui donnant un signal par des flèches qu’il lance à une distance convenue. Mais David doit partir et il quitte Jonathan. David se jeta face contre terre, et se prosterna trois fois. Puis ils s’embrassèrent et pleurèrent ensemble jusqu’à ce que David eût pris le dessus. Jonathan dit à David : « Va tranquille, puisque nous avons l’un et l’autre prêté ce serment au nom du Seigneur : que le Seigneur soit entre toi et moi, entre ta descendance et ma descendance, à jamais! » (1 S 20,41-42)
Finalement, Saül se tue pour échapper à la main des Philistins et ses trois fils sont aussi tués dans la même bataille à Guilboa. Quand il apprend la mort de Jonathan, David pleure et laisse monter une complainte : « Que de peine j’ai pour toi, Jonathan, mon frère! Je t’aimais tant! Ton amitié était pour moi une merveille plus belle que l’amour des femmes. » (2 S 1,26)
AMITIE/ AMOUR ENTRE DEUX HOMMES
Miniature de 1300 sur l’Amitié et la Haine : colombe et faucon ; David et Jonathan, David et Saul
Miniature 13e deux figures semblables par échange d’habits ou par rapprochement
Cima da Conegliano 1505 National gallery Londres
Le retour de la victoire, petit David avec tête de Goliath, grand Jonathan avec lance, peut être celle de Saul qui a manqué David, Jonathan protège David et apparaît comme demandeur
L’amitié de David et Jonathan est interprétée par certains comme un lien homosexuel qui trouverait ici une reconnaissance. C’est dans un contexte militaire une amitié fondée sur le partage des dangers, l’entraide et la victoire, dans l’antiquité comme plus tard. Le Moyen Age connaît bien ces jeunes chevaliers de même milieu et de même âge qui sont des amis qui s’« entraiment comme des frères » ; ils forment une fraternité où l’affection et la fidélité occupent une place de choix, d’autant que certains d’entre eux sont « amis charnels », c’est-à-dire parents. Leurs liens vont du simple compagnonnage à l’amitié, souvent confondue avec l’amour. Des gestes soudent cette amitié : on boit dans la même coupe, on partage la même couche, on s’embrasse… jusqu’à la mort puisque le vœu le plus cher des amis est d’être enterrés côte à côte. Ces relations fondées sur le sentiment peuvent prendre un caractère sexuel mais sans exclusive car la vie sociale fait de chaque chevalier un mari et un père, les termes d’homosexualité et d’hétérosexualité sont inappropriés ici comme dans l’histoire de David et ses nombreuses femmes.
Gottfried Bernhard Göz, 1708-1774, peintre Allemagne sud, gravure
Jonathan accueillant David après sa victoire sur Goliath
Une vraie rencontre amoureuse entre un guerrier et un jeune homme efféminé, contraste entre le vainqueur de Goliath et ce jeune homme. Le caractère amoureux de la rencontre doit être compris dans le contexte du 18e s.
JJ Rousseau dans les Confessions Livre VIII, écrit :
En revenant à Paris, j’y appris l’agréable nouvelle que Diderot était sorti du donjon…je volai dans les bras de mon ami. Moment inexprimable ! En entrant je ne vis que lui ; je ne fis qu’un saut, un cri ; je collai mon visage sur le sien, je le serrai étroitement sans lui parler autrement que par mes pleurs et mes sanglots ; j’étouffais de tendresse et de joie.
Tissot deux soldats amitié virile du 19e
JONATHAN ET L’ARC
1Samuel 20
Miniature
Passage d’une fenêtre à l’autre par la flèche lancée et rapportée, David en soldat pour affronter Saul
Frederic Leighton Jonathan’s token to David 1868, Huile sur toile, 171 x 224 cm, Minneapolis
Jonathan et le jeune garçon, David est absent
Edward Hicks, 1947 David et Jonathan à la pierre Ezel (1 samuel 20,19)
une amitié entre égaux mais l’un soutient l’autre, le peintre a peut être voulu rapprocher ce soutien de celui du Bon Samaritain , comme on le faisait au M.Age, d’où la scène en bas à droite
Ratner l’arc de Jonathan unit les deux hommes comme l’arc de Dieu unit ciel et terre
LE SERMENT ET LES ADIEUX
1 samuel 20, 42 Va en paix dit Jonathan, puisque nous avons prêté serment, le Seigneur sera notre lien entre ta descendance et la mienne
Schnorr von Carolsfeld Bible 1860
Accent mis sur l’inquiétude de David et la consolation de Jonathan
Vitrail David et Jonathan (vitrail detail) St. Mark's Portobello, Edinburgh, Scotland, 1882
Même scène de consolation
Rembrandt Biblical Scene 1642 Oil on wood, 73 x 62 cm The Hermitage, St. Petersburg
Jonathan plus âgé, geste protecteur plus que consolateur entre deux amis
Cette scène magnifique peut représenter Jonathan et David mais aussi David et son fils Absalon 2 Samuel 14
MORT DE SAUL ET DE JONATHAN
Selon 1 Samuel 30 Saül après la mort ses 3 fils, demande à son écuyer de le tuer, puis devant son refus, il se suicide en se jetant sur son glaive. Mais selon 2 Samuel 1, c’est un jeune étranger qui tue Saül à sa demande, puis vient apporter la couronne à David
Francesco Salviati Mort de Saül et Jonathan 1553 fresque, Palazzo Ricci Sachetti Rome
Le centre de cette grande fresque montre un Philistin se ruant vers Saül et Jonathan qui sont déjà morts, ils sont dans la même position mais inversée, comme celle des chevaux. On peut distinguer une lame sortant du corps renversé de celui de droite, Saül suicidé.
Elie Marcuse 1817-1902 Death of King Saul 1848 Oil on Canvas, 277 x 230cm Tel Aviv Museum of Art
Cette scène étrange et forte montre les 3 fils de Saül morts ou mourant pour Jonathan. Saül vigoureux et déterminé regarde ses ennemis avec courage et s’apprête au suicide plutôt qu’à la reddition, son écuyer l’admire.
Fouquet illustrateur de Flavius Josèphe, Les Antiquités judaïques, enluminure, vers 1470-1475; Paris, BnF, Manuscrits Français 247, fol. 110v (Livre VI).
Bataille de Gelboé mort de Saul. Les Philistins sont victorieux des Hébreux à . Saül, épuisé et blessé, mais soucieux de ne pas tomber vivant aux mains de l'ennemi, prie un jeune Amalécite de le tuer. Ce dernier emporte la couronne du roi.
La mort de Saül est annoncée à David par l’Amalecite qui apporte la couronne et le brassard du roi. David déchire ses vêtements par douleur.Derrière lui, l'armée frémit, les yeux et les bouches se révulsent, le mouvement ébauché par l'homme armé placé derrière l'Amalécite annonce le sort qui sera réservé à ce dernier