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evangile

  • LES DISCIPLES D'EMMAUS

     

    Queiques remarques

    Cet article est aussi publié sur http://artbiblique.over-blog.com/ avec newsletter possible

    La scène correspond à l'évangile selon Luc ch. 24, versets 13 à 15 et 28 à 35

    Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas....

    Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » A l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

    Lla traduction iconographique de la reconnaissance du Christ ressuscité par  les disciples prend la forme de REGARDER opposer à voir VOIR c'est à dire reconnaître.

                La  relation à la dernière Cène et à l'eucharistie est imortante, elle se traduit par les gestes du Christ,  bénir, rompre, élever,tendre le pain  et par son regard, les yeux levés au ciel s'imposent souvent dans un contexte de  sacerdotalisation. Mais les représentations sont très variées, de la communion eucharistique à la scène de genre.

                 Les disciples sont traditionnellement vus comme des pèlerins, d'où des signes distinctifs souvent liés au pélerinage de St Jacques

     

    Jésus se donne à voir, comment identifier le Christ ?  

     

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      LE CARAVAGE

    Cette oeuvre éxécutée à Rome en 1601, Huile et oeuf sur toile 141 x 196.2 cm.
    Londres, National Gallery

     

    XR au visage et à l'âge non conventionnel, « Mc 16,12 « il se manifeste sous une forme différente »
    Il est seulement ambigu. La mollesse des traits le situe hors de la distinction masculin-féminin qui nous est si chère, plutôt dans l'idée de l'androgénie divine. L'absence de la barbe traditionnelle, jointe à des bajoues, le met hors de la distinction entre vieillesse et jeunesse, sans lui donner le caractère que nous attribuons généralement au jeune homme, l'énergie vitale. Christ ambigu et, pour des chrétiens habitués à un certaine image du Sauveur, à des signes d'identification, c'est un Christ non reconnaissable.
    Une représentation qui a choqué ou ému ses contemporains, troublés par cette proximité du divin et de l'humain.

      Le Caravage choisit le moment où tout bascule

    La stupéfaction se lit sur les visages et dans les attitudes des pèlerins et de l'aubergiste, venu les rejoindre. Sous l'effet de la surprise, l'un des disciples empoigne son fauteuil, l'autre écarte les bras, le réalisme est tellement saisissant que le spectateur a l'impression de participer à la scène.

    Quelle reconnaissance ? Le cabaretier, lui, fixe Jésus et ne voit rien d'autre qu'un hôte de passage

    L'ombre de l'aubergiste est sur le mur, juste  derrière le Christ , comme s'il prenant les ombres sur lui, signe de rédemption ?  

     La Cène eucharistique est associée à la croix des bras du disciple de droite, par l’intermédiaire d’un raccourci accusé, le Caravage parvient à relier plastiquement la Crucifixion et la Cène à Emmaüs.

     

    Reconnaître le ressuscité est plus facile chez d'autres

    Ce tableau de Cavarozzi 1590 1625 est une copie du Caravage pour les poses, mais il choisit un Christ sortant du tombeau   1 D cavarozzi

     

     

    Celui de Girardet 1853-1907 crée une lumière divine

     

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    Mais chez Zurbaran 1598 1664 le Christ est un pèlerin comme les autres, seuls les yeux de la foi le reconnaissent

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     Le regard de la foi 

     

     

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    REMBRANDT 

     Jésus à Emmaus 1628 Jacquemart André

     OEuvre de jeunesse avec mouvements et clair obscur

    C’est une révélation, un moment où la vérité éclate. Cela se montre par la stupeur des pélerins, leurs yeux écarquillés, leurs poses à la renverse, leurs mains levées en incrédulité ou en défense contre ce mystère;
    l’agitation de la scène y contribue, verre vacillant, couteau basculant, chaise renversée. Ici, un seul des pélerins est vraiment dans la scène,  en pleine lumière, tout effaré.
    Où est l’autre ? En regardant bien, on le voit, déjà touché par la grâce, agenouillé aux pieds de Jésus, perdu dans l’ombre.

    La lumière vient de derrière le Christ, qui n’apparaît presque qu’en silhouette; le mur en devient éclairant, comme une explosion. Et il y a cet étrange nuage blanc mousseux dans l’angle derrière le bras gauche du pélerin, inexplicable.


    Rembrandt_Pelerins_Avant.jpg             Rembrandt_Pelerins_Apres.jpg

      Le Christ se révélant aux pèlerins d'Emmaüs 1648 huile sur bois 68x65 Musée du Louvre

    Cette oruvre vient d'être retaurée, à gauche avant restauration, à droite après restauration

     

    Une scène qui s'inscrit dans un espace clos mais vaste, ouverture vers le ciel.

     C'est le tout début du repas, la table est vide. Il rompt le pain…une clarté irréelle nimbe son visage, tandis que sur la gauche, une lumière tombant d’une fenêtre invisible éclaire sur la table la nappe blanche qui rappelle le suaire, le linceul de Jésus crucifié, retrouvé posé au troisième jour près du tombeau vide…

     

      Le Christ est éclairé mais rayonne, il partage le pain sur nappe d'autel Sa figure livide, douloureuse, d’un réalisme poignant, rappelle qu’il vient de triompher de souffrances inexprimables et de la mort, évoquée par certains détails symboliques comme le verre vide retourné à sa droite, et  le crâne brisé d’un agneau, symbole de la mort de « l’Agneau de Dieu », présenté sur le plat à sa gauche.

     Les disciples sont opposés : à Droite, la surprise, l'incrédulité encore qui se manifeste par tout le corps

    à Gauche, la reconnaissance par le foi, il se met en prière. Au fond le serviteur, regarde et ne voit rien. 

      La réalité est cachée à celui qui n'a pas la foi, lecture protestante ?

    Le contraste entre l’évanescence de l’auréole sur l’ombre verdâtre de la niche du fond  et la lumière naturelle qui s’attarde sur les visages, les objets, creusant un clair-obscur avec les tonalités dominantes d’un brun sombre, crée cet instant indéfinissable, et comme suspendu, où la scène représentée va basculer de l’humain au divin.

       Les disciples

     

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     VELASQUEZ  Repas à Emmaus MET New York (123.2 x 132.7 cm) Huile sur toile 1622


      On retrouve le Caravage avec sa rhétorique théâtrale, les  bras écartés et la lumière crue

     

     Que regardent les personnages ? 

    Les disciples ne regardent pas Jésus , l'écoutent ils ? A t il disparu ?

    Dans leurs  yeux le contact avec la transcendance ne s’avère pas immédiat.  

     Les personnages posent une question  douloureuse  en cherchant des réponses au fond d’eux-mêmes.

     Le Christ est résolument décentré, avec une lumière de face, un  visage en mi pénombre, une légère auréole

    Les disciples sont des figures populaires selon sacralisation du quotidien


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      La Mulâtresse National Gallery de Dublin 1616-19

    Tableau nettoyé en 1933 laisse voir disciples Emmaus, il a été coupé et on a supprimé un disciple et un fourneau (connu par la description d'un contemporain)

      Le sujet est rejeté à arrière plan, on retrouve la sacralisation du quotidien. 

    Les disciples ont été aveuglés, ils sont devenus insensible au divin, à cause de l'amour des biens terrestres

    le spectateur peut s'identifier à cette conversion des disciples et retrouver Dieu dans le quotidien, selon le mot de Thérèse d'Avila  « Dieu est aussi présent parmi les casseroles »

    Faut il aller jusqu'à econnaître Dieu à travers ce « sujet fort ridicule et drôle », une servante, une esclave?  

     

    Rencontrer Dieu dans le quotidien ou Comment incarner cette scène : ?

     

      En la situant dans la vie quotidienne des hommes ?  mais s'ils regardent , voient-ils ?

                                                                                                                Jordaens 1593 1678  

                     10-Jacob-JORDAENS.jpg

     

    En mélangeant scène profane et allusion religieuse, en sacralisant le quotidien frères Le Nain + 1648 Louis ou Antoine Le Nain Repas de paysans 1642 97x122 Louvre


    12-les-freres-LE-NAIN----.-1645.jpg   13 Louis Le Nain 001

     

      En actualisant les participants Augustin Lhermitte 1844 1925

    11-lhermitte1892.jpg

     

      En mèlant le sacré et le profane (bouteille de vin)  chez  Arcabas né 1926 

     

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  • LA TRANSFIGURATION

     

    La Transfiguration est un passage que l'on trouve dans les 3 évangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, mais je donne ici le texte de Luc et sa suite qui raconte la guérison ratée d'un enfant épileptique par les apôtres Luc 9, 28-36 puis 37-42 (voir en bas de page)

    Cette suite est nécessaire pour comprendre le chef d'œuvre de Raphaël appelé la Transfiguration, une huile sur bois, de 4 m x 2,80 qui se trouve au Musée du Vatican.

    1 raphae49 Transfiguration 1520.jpg 

    La composition de la Transfiguration montre deux parties distinctes : le miracle du garçon possédé dans la partie basse et la Transfiguration du Christ sur celle du haut.

    Dans la partie supérieure.
    Sur une montagne représentée par un monticule de terre, le Christ est transfiguré dans une aura de lumière et de nuages, il est en lévitation, il flotte au-dessus de la colline, accompagné de Moïse et Elie, eux aussi en lévitation.
    Jésus est vêtu de blanc, les hanches larges, le drapé flottant, une vive lumière blanche l'entoure...
    il est accompagné d'un vent, surnaturel, visible dans les drapés d’Elie et de Moïse ainsi que dans leurs cheveux. Ses bras tendus sont ceux d’un orant, mais certains y voient la croix future. Lumière, souffle, nuages... sont des éléments pour traduire la « nuée » qui marque la présence de Dieu.
    Moise et Elie
    sont debout et regardent la nuée, ils ne font rien, et ne parlent à personne. On les distingue mal, Moïse semble être à gauche.
    Les trois apôtres sont aveuglés, ils ne voient rien, ils sont pris dans un double mouvement : écrasés mais emportés par le souffle divin , surtout Pierre au centre et Jean à droite, Jacques est prostré.

    La partie basse nous ramène sur terre. Une foule de 19 personnes est divisée en deux groupes par un grand vide oblique, mais le croisement des regards maintient l’unité. C'est ce vide qui marque l’absence de communication entre les deux groupes.
    A droite, tous entourent un jeune garçon possédé, soutenu par son père vêtu de vert,
    L'enfant a les bras écartés, un vers le ciel, l'autre vers le sol, les yeux révulsés. C'est un vrai enfant malade.
    La foule qui entoure l’enfant , son père , sa mère , le désignent, tous regardent et interrogent les apôtres qui sont à gauche, la paume ouverte et tendue d'un homme se tourne vers le ciel, en supplication.

    À gauche les neuf apôtres, qui ne parviennent pas à guérir l’enfant, sont pris également de panique, lisible dans leurs gestes, leurs regards, leurs mimiques... Une main ouverte marque la stupeur , deux autres dressées vers le Ciel l'invoquent et rejoignent ainsi celle de l'homme de droite dont la main suppliait le ciel.
    Au centre : La jeune femme de dos, est très belle, vêtue à l’antique, à genoux, elle fait le lien entre les deux groupes, ce peut être Marie de Magdala, guérie des 7 démons, elle témoignerait du miracle accompli sur elle par Jésus, manifestant ainsi l'impuissance des apôtres.

    Quel est le rapport entre ces deux scènes ?
    Il n'y a pas d’unité spatiale, les 2 groupes ne se voient pas,
    cela rend compte du texte qui insiste sur la concomitance entre la théophanie du haut et l'impuissance du bas . L'unité est narrative et temporelle.
    Notre regard passe de l’obscurité du bas à la lumière du haut. Cette impuissance est traduite par opposition entre les 2 mondes : le Christ seul élevé dans sa gloire, formant avec Elie et Moïse, un cercle parfait et lumineux contre la foule nombreuse, désordonnée qui manifeste sa faiblesse .

    Peut-on lire la crise de l'enfant comme une autre transfiguration ? Cet enfant dont les yeux pourraient exprimer une sorte d’extase, de vision donnée par la transe… l'enfant serait le seul à « voir » la Transfiguration du Christ. Mais le texte parle de transe démoniaque et non divine, et le peintre représente cette dernière tout en douceur, lumière et rayonnement, alors que celle de l'enfant est déformation, violence et agitation.

    La scène du haut comporte à droite deux petits personnages qui sont en train de prier. Ce sont deux saints dont la fête tombe le même jour que celle retenue pour la Transfiguration, le 6 août. Ces saints sont les seuls à voir la scène, comme nous, ils sont en adoration et nous servent donc de relais, ils nous invitent à faire de même « Les 2 mondes, humain et divin restent contradictoires mais ils entrent en relation, douloureuse et violente chez les 3 apôtres, calme et béatifique chez les 2 saints » écrit Daniel Arasse

    Mais pour quelle raison le peintre a-t-il donné une description aussi exceptionnellement exacte de la maladie dans un tableau d'autel qui répond avant tout à des fonctions dévotionnelles et liturgiques ? Selon toute probabilité, Raphaël voulait donner une image aussi frappante que possible de la « maladie » de l'Eglise et suggérer que seule la foi, symbolisée par les deux petits personnages en prière, parviendrait à guérir cette « maladie ».

    De quelle maladie peut-il s'agir ? Le tableau a été commandé en 1517 par Julien de Médicis, un cardinal humaniste et chrétien fervent, il le voulait pour la cathédrale de Narbonne, dont il était archevêque. L'œuvre a été terminée par Raphaël juste avant sa mort en 1520. La date de 1517 suggère que la « maladie » est celle de la contestation de Luther, dont les thèses sont publiées cette année là. Les catholiques ( à droite) doutent et s'interrogent sur la voie à suivre ; ils se tournent vers les apôtres( à gauche) qui symbolisent le clergé. Un apôtre ( en rose) donne la réponse en montrant le Christ. Les chrétiens doivent faire confiance à l'Eglise et au Pape et donc rejeter la contestation luthérienne. Mais Daniel Arasse fait remarquer que pour un cardinal comme Julien de Medicis, l’important en 1517 c’est plutôt la fin du concile commencé à Pise et terminé au Latran (1510-1517) et qui laisse les mains libres au pape Léon X pour la rénovation de l’Eglise. La scène montre donc une voie à suivre, voie qui hélas ne sera pas suivie, ni par Léon X, ni par Julien de Médicis lorsqu'il deviendra le pape Clément VII entre 1523 et 1534.

    La transfiguration Giovanni Bellini (1430-1516). 1480-1485 huile sur toile , 151 cm sur 105. Museo e Gallerie Nazionale di Capodimonte – Naples.

     

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    Quel contraste avec la représentation de Raphaël.
    Ni vent, ni nuée , ni lévitation, Jésus est habillé couleur du ciel, mais la lumière ne vient pas sur lui, ni de lui, elle est partout dans la scène, qui se passe dans un belle campagne italienne. La théophanie a lieu dans le quotidien de la vie ordinaire, au pied des montagnes et non sur la montagne. Le paysage montre une scène champêtre, une abbaye, un château…une ville peut être.

     

    Les 3 apôtres sont à terre mais sans rapport avec l'événement qu'ils voient. Ils sont très différenciés du point de vue des âges, représentent ils les 3 âges de la vie ? Insouciance de Jean à droite, appréhension de Jacques à gauche, et confiance du vieux Pierre au centre ?

     

    Jésus est comme une icône, représenté frontalement il interpelle ceux qui le regardent, et donc nous. Mais entre lui et nous, il y a un fossé profond et une barrière, nous sommes tenus à l'écart. Une scène qui se passerait au quotidien mais pas le nôtre ? Certains voient dans le rocher, le tombeau du Christ, est-ce la mort et la résurrection de Jésus qui nous séparent de lui ? Cette idée de résurrection se retrouve dans le paysage, à gauche l’hiver sombre et nu, et à droite, le printemps clair et feuillu. Donc la lecture de gauche à droite est une résurrection.

     

    Une transfiguration “humaine”, une absence de séparation entre le ciel et la terre, une invitation à vivre la résurrection.

    La Transfiguration par Barna da Siena  mort en 1380

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    Cette image est un morceau de la fresque du Nouveau Testament, dans la collégiale de San Gimignano, le peintre est peu connu, c'est un rare survivant de la grande peste de 1348

    qui décima les artistes.

     

    Cette fois on est en pleine théophanie, Jésus avec son livre, bénit comme le Christ pantocrator, il est placé dans une sorte de mandorle, la lumière vient du Christ et se diffuse dans la nuit. On dirait la nuit de Gethsémani, mais en même temps Jésus annonce la résurrection

     

    Elie, Moïse regardent Jésus et le prient, parmi les apôtres Pierre a la même attitude que Moise, il acquiesce parfaitement, Jean est aveuglé, Jacques renversé.

     

    Le peintre a été marqué par Byzance, par les théophanies orientales. La transfiguration y est vue comme annonce de la Résurrection, mais aussi comme une annonce du retour du Seigneur.

     

    12 ste_catherine.jpgCette mosaïque de 565 se trouve au monastère Ste Catherine au Sinaï. Le Christ est en lévitation mais sans vrais repères spatiaux, il est au centre d'une mandorle en oeuf. Elle est étrangement plus sombre vers le Christ que vers extérieur, car selon les orientaux la lumière divine excède la vision humaine, elle devient obscurité pour nos sens

     

     

     

     

     

    Cette célèbre mosaïque de St Apollinaire in Classe à Ravenne, date aussi de la moitié du 6ème siècle.14  RAVENNE TRANFIGURATION.jpg

    C'est bien la croix qui est signe de victoire et de résurrection dans le cercle parfait du ciel étoilé, mais où voit-on une transfiguration ?

     

    Au milieu d'un ciel d'or parcouru par des nuages, s'inscrit un grand disque bleu semé d'étoiles qui entourent une grande croix centrale constellée de pierres précieuses avec en médaillon central, la tête du Christ. L'image de la croix matérialise la présence directe du Christ car dans cetart le signe s'identifie à celui qu'il représente. Des nuages sort la main du Père qui désigne le Fils.

     

     

    15 Transfiguration_La_Croix_salut_pour_le_monde_Basilique_de_Saint-Apollinaire-in-Classe_a_Ravenne_vers_550.jpeg.jpgLe sommet de la croix est surmonté d'une inscription grecque IXΘUS qui signifie "Poisson", initiales des cinq mots grecs : " Jésus Fils de Dieu Sauveur". Alpha et Omega, début et fin de l'aphabet grec, sont de chaque côté de la croix.

    Dans les nuages, de chaque côté de la croix, les figures d'Élie et de Moïse. Leur présence témoigne de la signification de la scène, quant aux apôtres Pierre, Jean et Jacques, ils sont symbolisés par les trois agneaux, qui en-dessous, regardent la croix. 

     

     

     

     

     

    C'était la représentation de la Transfiguration entre vision théologique, mystique et narrative

     

    Evangile selon Luc 9, 28-43
    Environ huit jours après qu'il eut dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier.
    Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage changea, et son vêtement devint d'une éclatante blancheur.
    Et voici, deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Élie,
    qui, apparaissant dans la gloire, parlaient de son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem.
    Pierre et ses compagnons étaient appesantis par le sommeil; mais, s'étant tenus éveillés, ils virent la gloire de Jésus et les deux hommes qui étaient avec lui.
    Au moment où ces hommes se séparaient de Jésus, Pierre lui dit: Maître, il est bon que nous soyons ici; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. Il ne savait ce qu'il disait.
    Comme il parlait ainsi, une nuée vint les couvrir; et les disciples furent saisis de frayeur en les voyant entrer dans la nuée.
    Et de la nuée sortit une voix, qui dit: Celui-ci est mon Fils élu: écoutez-le!
    Quand la voix se fit entendre, Jésus se trouva seul. Les disciples gardèrent le silence, et ils ne racontèrent à personne, en ce temps-là, rien de ce qu'ils avaient vu.

     
    Le lendemain, lorsqu'ils furent descendus de la montagne, une grande foule vint au-devant de Jésus.
    Et voici, du milieu de la foule un homme s'écria: Maître, je t'en prie, porte les regards sur mon fils, car c'est mon fils unique.
    Un esprit le saisit, et aussitôt il pousse des cris; et l'esprit l'agite avec violence, le fait écumer, et a de la peine à se retirer de lui, après l'avoir tout brisé.
    J'ai prié tes disciples de le chasser, et ils n'ont pas pu.
    Race incrédule et perverse, répondit Jésus, jusqu'à quand serai-je avec vous, et vous supporterai-je? Amène ici ton fils.
    Comme il approchait, le démon le jeta par terre, et l'agita avec violence. Mais Jésus menaça l'esprit impur, guérit l'enfant, et le rendit à son père.

     

  • LA GUERISON DU PARALYTIQUE

    Je poursuis la publication du travail fait dans le cadre du groupe biblique de la paroisse réformée de Fontainebleau (voir ci-dessous, depuis la page du 17 octobre sur Genèse 3 Quel sacrifice ?)

     

    Le texte de l'évangile de Jean au ch. 5 versets 1 à 18 (voir en bas de page) ne parle pas vraiment d’un paralytique mais la tradition l’a dénommé et donc représenté comme tel. L’étude du texte a montré aussi, que le miracle n’est sans doute pas l’essentiel du message. Il oriente plutôt vers la transgression faite par Jésus en faisant porter un grabat, et en guérissant, c'est-à-dire en travaillant comme seul Dieu peut le faire, un sabbat. Transgression qui mène à la Passion.

     

    Mais l’iconographie se concentre uniquement sur le miracle que les artistes représentent soit avant soit après. Peu mettent en scène le moment de la guérison elle-même, j’ai choisi une œuvre de Quentin Varin (1570-1626).  Cette très grande toile, 343x260 cm, est très peu connue, elle se trouve dans l’église Saint Louis de Fontainebleau.  Le peintre  originaire du diocèse de Beauvais, faisait  partie des cercles princiers de la Réforme catholique française, il a peint plusieurs œuvres pour des églises parisiennes et de rennaises. Cette toile, sans doute son chef d’œuvre, a été offerte à la toute nouvelle église de Fontainebleau, qui dépendait encore de la paroisse d’Avon, en 1624 par le roi Louis XIII.

     

    La guérison du paralytique3.jpg

     La scène correspond au verset 8 : « Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton grabat et marche. « – Et aussitôt l’homme fut guéri ; il prit son grabat et il marchait. » 

    Le peintre reprend les références à la piscine, au portique et au contexte humain « [il] gisait une multitude d’infirmes…»

    Le regard est de suite attiré par la main du Christ, qui est au centre du tableau, Jésus donne la guérison comme Dieu donne la vie.  On reconnaît dans ce geste générateur de vie, celui de Dieu, dans la célèbre création d’Adam par Michel Ange. Et aussitôt le paralysé bondit, il sort de sa civière qui était profonde comme un cercueil, il se relève de son infirmité d’un mouvement qui devient signe de résurrection.

     Deux cercles concentriques rassemblent personnes et actions :

    Le cercle du centre est petit et situé en arrière plan, un homme allongé est soutenu par deux autres qui le descendent dans la piscine afin qu’il soit guéri dès le bouillonnement de l’eau.

    Le second cercle occupe le plan central et toute la largeur du tableau.

    Deux mouvements le dynamisent, à droite, le bras de Jésus qui se tend vers le paralytique, à gauche le malade guéri dont le bras droit soulevant le grabat, est comme attiré par le geste de Jésus..

    Quant au premier plan il montre des malades allongés et écrasés,  en opposition totale à la  puissance du paralysé bondissant, ils semblent n’être que des faire-valoir.

    Le grand cercle enveloppe le petit, comme la Nouvelle Alliance englobe l’Ancienne. Le cercle du fond montre une guérison faite selon les prescriptions de la Loi. Le cercle principal montre le Christ qui tend la main droite et prend à témoin le ciel en le désignant de la gauche, cette fois la guérison est réalisée par le geste et la parole de Jésus. Et ce cercle englobe le premier car l’action de Jésus englobe et dépasse la Loi.

    Les personnages du premier plan, sont-ils seulement des faire valoir ? A gauche un homme mûr, barbu, appuyé sur sa canne et qui ressemble beaucoup à l’ancien paralysé. A droite, un enfant et un personnage imberbe qui peut être un jeune homme ou une femme.

    Peut être sommes nous en présence des trois âges de l’homme, celui qui a passé toute sa vie infirme, et qui maintenant est guéri, relevé, sauvé.

    Mais si le personnage de droite est une jeune femme, une autre lecture est possible, car  la femme est en position d’accouchement. Or l’enfant semble plus vouloir entrer dans le sein de sa mère qu’en sortir, et déjà grand, il reproduit exactement les gestes du paralytique guéri, comme s’il était son double. Cela fait penser à la parole de Jésus à Nicomède : «  A moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. Nicodème lui dit : « Comment un homme peut il naître, étant vieux ? Peut il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître ? » Jn 3, 3-4. Par la parole salvatrice de Jésus, le paralytique est « re-né » et l’enfant qui en est son image par les gestes, montre symboliquement cette renaissance en mimant la parole de Nicodème.

     

    Mais avec la piscine le contexte baptismal est évident. Si la scène du fond évoque la pratique liée au temps du Temple, elle peut aussi être transposée dans le nouveau contexte chrétien. L’homme du fond est plongé dans l’eau, il est baptisé, il va renaître comme l’enfant du premier plan, et sera guéri comme l’a été le paralytique. Et à qui est proposé cette nouveauté ? A l’homme malade et prostré du premier plan à gauche, qui ressemble au paralytique comme à un frère, il est celui à qui est offert le baptême de la nouvelle Alliance, hier, aujourd’hui et demain. De narratif et théologique, le tableau devient dévotionnel.

     

     Les représentations de ce miracle sont d’ailleurs dévotionnelles car elles sont souvent  faites pour être placées dans des hôpitaux, pour être méditées par les malades et ceux qui les soignent.


     

     Bartolomeo MURILLO (1617-1682) peint ce  Jésus guérissant le paralytique à la piscine de Bethesda, en  1670 pour la Confrérie de la Charité de Séville. La toile qui me2 Christ-healing-the-Paralytic-at-the-Pool-of-Bethesda-Murillo.jpgsure 237 x 261 cm se trouve à National Gallery  de  Londres 

    La scène se passe en plein air, autour de la piscine, une place magnifique, inondée de soleil, avec de belles colonnades parfaitement dessinées. A droite, un espace vide avec quelques  malades et des gens qui s’apprêtent à les aider, mais pas de foule. Le ciel s’entrouvre et l’ange apparaît annonçant le prochain bouillonnement de l’eau. Une grande diagonale part du ciel vers le paralytique,  une manière de montrer  la miséricorde qui descend sur lui, par l’intermédiaire de Jésus, mais la parole de Jésus anticipe l’action de l’ange.

    Au premier plan,  Jésus est entouré de ses apôtres, ce sont des hommes du 17ème s. un peu moins pour Jésus,  il tend la main vers un malade et  lui parle. Il le regarde intensément, tout comme ses disciples, toute l’attention est tournée vers le malade, vieil homme pitoyable, malade depuis 38 ans,  couché sur son grabat, sa cruche et son écuelle à portée de main.  Jésus l’interroge « veux tu retrouver la santé ? » le malade tend les mains en position d’orant, et explique qu’il ne peut bouger seul pour prendre le bain purificateur. 

    Jésus lui tend la main comme pour le relever. Jésus parle et c’est sa parole qui va accomplir le miracle. La parole est représentée par des gestes et un échange de regards, mais on ne voit rien encore.  Rien de proprement religieux dans ce tableau, seulement la charité et la compassion.


    Au calme de l’œuvre de Murillo, s’oppose l’agitation de celle de Iacopo Nigreti (1550 - 1628) plus connu sous le nom de Palma Giovane.   3 Giovane PALMA ; 1592.jpg

    La toile s’appelle « La piscine probatique » ,  elle date de 1592 ; mesure 109x93 cm, et fait partie de la  Collection Molinari Pradelli, à Castenaso. 

     Cette fois la scène se passe après le miracle, le paralytique part rapidement avec son grabat, l’apôtre Jean le regarde, Jésus le désigne de la main mais il est déjà loin. D’ailleurs Jésus se penche déjà vers un autre malade, une jeune femme. Le peintre interprète le texte : « il gisait une multitude d’infirmes », comme une série de miracles de guérison à venir.

    Les personnages forment un cercle ou un carré dont Jésus est le centre, le paralytique guéri est en haut à gauche, il semble pressé de partir.

     La jeune femme inconsciente sera la prochaine, un vieil homme aveugle (?) s’avance. Au centre la tête lumineuse de Jésus, au sommet de deux diagonales, celle du regard vers la femme malade, celle de la main qui montre la guérison passée. Calmes, les uns écoutent, les autres attendent, ils forment un carré dans lequel Jésus pénètre.

    Au fond à droite, règne une agitation certaine, est ce en rapport avec le tourbillon qui va venir ? Est ce pour cela  la femme nue, si blanche, s’agite, telle une possédée ?

    Deux espaces l’un agité et inefficace lié à la piscine probatique, l’autre calme et salvateur celui de la Parole du Christ. Mais dans les deux espaces, toute la richesse humaine des regards qui s’échangent.

     


    Ce « Jésus guérissant le paralytique de Bethesda » est de   Giandomenico TIEPOLO 1727 – 1804 le fils du grand  Gianbattista. Cette œuvre de 112 x 179 cm, est au Mus »e du Louvre.4 tiepolo.JPG

    On ne voit pas la piscine, et l’ange du premier plan donne le seul mouvement dans une composition faite de trois bandes parallèles statiques. Le contexte semble oublié,  à gauche on distingue un buste de Tibère, avec l’inscription TIBERIUS CAESAR, cela ajouté à la colonnade romaine, éloigne de Jérusalem. Quant aux malades et à la foule, tous sont habillés comme au XVIIIème s., on voit même à gauche une femme agenouillée, portant une coiffe. A l’inverse l’ange montre Jésus comme fils de Dieu, homme du miracle,  nimbé de lumière, vêtu à l’antique de couleurs éclatantes.

     

    Le miracle a eu lieu, le paralytique part sur la droite, personne ne le regarde, tous sont tournés vers Jésus qui à nouveau dans cette ville italienne peut faire des miracles comme il y dix sept siècles.

     

     Les paralytiques portent leurs grabats, pourquoi sont-ils si gros et si lourds ?

     

    5 Peintre néerlandais inconnu; entre 1560 et 1590,.jpgCette  peinture d’un peintre néerlandais inconnu entre 1560 et 1590,  n’est pas dans le contexte de la piscine de Béthesda, mais dans celui du paralytique des évangiles synoptiques (Marc 2 et Luc 5), on voit la maison dont le toit a été percé, mais ce sont les mêmes mots du Christ et le même grabat.

     

    Un homme sain, un homme fort, qui porte son grabat en signe de libération. Il était écrasé par sa maladie, ses péchés, maintenant il en est libéré, mais il peut porter le signe de sa douleur passée.

     

    Le Christ porte sa croix de la même façon, à son tour l’homme porte sa croix, mais comme  pour le Christ, la croix devient le signe de la victoire sur la mort.

     Plusieurs lectures pour un signe fort.

     

     Evangile selon Jean 5, 1-18 traduction TOB

     Après cela et à l'occasion d'une fête juive, Jésus monta à Jérusalem. Or il existe à Jérusalem, près de la porte des Brebis, une piscine qui s'appelle en hébreu Bethzatha. Elle possède cinq portiques, sous lesquels gisaient une foule de malades, aveugles, boiteux, impotents. [qui attendaient l'agitation de l'eau, car à certains moments l'ange du Seigneur descendait dans la piscine ; l'eau s'agitait et le premier qui y entrait après que l'eau avait bouillonné était guéri quelle que fût sa maladie.] Il y avait là un homme infirme depuis trente-huit ans.

    Jésus le vit couché et, apprenant qu'il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit : «  Veux-tu guérir ? » L'infirme lui répondit : «  Seigneur, je n'ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l'eau commence à s'agiter ; et, le temps d'y aller, un autre descend avant moi. « Jésus lui dit : «  Lève-toi, prends ton grabat et marche ». Et aussitôt l'homme fut guéri ; il prit son grabat, il marchait. Or ce jour-là était un jour de sabbat.

    Aussi les Juifs dirent à celui qui venait d'être guéri : «  C'est le sabbat, il ne t'est pas permis de porter ton grabat ». Mais il leur répliqua : «  Celui qui m'a rendu la santé, c'est lui qui m'a dit : « Prends ton grabat et marche. » Ils l'interrogèrent : «  Qui est cet homme qui t'a dit : «  »Prends ton grabat et marche »  ?  Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était, car Jésus s'était éloigné de la foule qui se trouvait en ce lieu. Plus tard, Jésus le retrouve dans le temple et lui dit : «  Te voilà bien portant : ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive pire encore ! »  L'homme alla raconter aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri.  Dès lors, les Juifs s'en prirent à Jésus qui avait fait cela un jour de sabbat.  Mais Jésus leur répondit : «  Mon Père, jusqu'à présent, est à l’oeuvre et moi aussi je suis à l’œuvre ».  Dès lors, les Juifs n'en cherchaient que davantage à le faire périr, car non seulement il violait le sabbat, mais encore il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l'égal de Dieu.