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Art et Bible - Page 17

  • Le Triptyque de l’Incarnation

    Louis Rivier triptyque Incarnation 1954.jpg

    Cette œuvre surprenante est de Louis RIVIER (1885-1963) peintre et verrier suisse du canton de Vaud.

    Chrétien réformé il a décoré de nombreux lieux de culte mais son œuvre picturale est très variée. http://www.rivier.ch

     

     

     

    UNE REPRESENTATION THEOLOGIQUE

     

    Toute représentation religieuse est fondée sur une certaine théologie, mais cette dernière est plus ou moins explicite, ici elle l’est fortement. Il faut dire que la représentation du Dieu UN et TRINE est particulièrement liée à une théologie précise. Il faut se reporter à l’œuvre extraordinaire par sa richesse et sa précision, « Dieu et ses images : une histoire de l’Eternel dans l’art » par François BOESPFLUG, Bayard 2008

     

    Pour cette œuvre il me semble que le texte biblique qui correspond le mieux est celui de la lettre de Paul aux Philippiens 2, 6-11

     

    tri 1.jpg

    Lui qui était dans la condition de Dieu,il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix.

    C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l'abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur »,pour la gloire de Dieu le Père.

     


    UNE ŒUVRE INACHEVEE

    Ce triptyqANNONCIATION.jpgue est formé de deux panneaux latéraux de 250 x 70 cm et d’un panneau central de 250 x 150 cm. Ce triptyque a été peint entre 1956 et 1959 pour u ne église mais il est resté inachevé. En effet si le panneau central exprime le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, né de la Vierge Marie et mort crucifié, il est entouré de deux autres volets, celui de gauche représente une Annonciation, mais celui de droite est resté vide.


    Le professeur Dario Gamboni de l’Université de Genève, explique : « Rivier a abandonné la réalisation de cette œuvre en 1959 à la suite de sa maladie, et aucune indication interne ou externe ne permet d’inférer avec certitude le sujet du panneau demeuré vierge, même si la logique de l’iconographie fait supposer une Ascension, une Résurrection ou éventuellement une Transfiguration. »

     

     

     

     

     

     

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    Voir l’ouvrage de Dario Gamboni, Louis Rivier et la peinture religieuse en Suisse romande, Payot Lausanne, 1985.

    Voici la description qu’il en donne :

    « La partie supérieure de ce triptyque figure la Trinité sous la forme de trois personnes identiques. Le Fils accomplit la volonté du Père en quittant sa place sur le trône commun après s’être dépouillé de ses vêtements ; provoquant l’émoi d’un groupe d’anges, il se dirige ver le niveau inférieur où se tient Marie, agenouillée dans sa chambre et recevant de l’ange Gabriel le lys de l’Annonciation. Au centre la Vierge est entourée par les mages et les bergers (la diversité de leur provenance symbolise aussi sans doute l’humanité) qui adorent le Christ nouveau-né qu’elle tient sur son épaule devant le Christ crucifié sur les poutres de l’étable. »

     

    Ce tableau mural est la dernière œuvre que Louis Rivier destinait à une église. Il est mort avant de l’achever. Il a été exposé à l’église catholique de Bottens dans le canton de Vaud, le temple protestant qui est proche abrite une autre grande œuvre de Louis Rivier, datant de 1941, une crucifixion avec Marie au pied de la croix, œuvre dont la technique est originale, il s’agit un dessin au crayon de couleur sur mur préparé.

     

    bottens.jpg
  • VIERGES EN MAJESTE

    Le qualificatif de "majesté" est donné à des sculptures romanes représentant la Vierge et l'Enfant

    (ici vierge en majesté , bois polychromr du 12ème s. trouvée en 1874 Clermont Ferrand)o_vierge_romane_CF.jpg

    mais  aussi à des peintures italiennes de la fin 13ème début 14ème s. dites "Maestà"

    (ci-dessous Maestà de Cimabue 1380, Offices, Florence)

    180px-Cimabue_033.jpg

    En fait ces représentations proviennent d'icônes byzantines qui célèbrent la Theotokos ou Mère de Dieu selon diverses postures.

    Cette proclamation de Marie comme Theotokos date du 3ème concile d'Ephèse en 431, elle donne à la Vierge Marie une place unique, elle est celle qui unit le Ciel et la Terre, elle est l'escalier céleste par lequel descend le  Logos, parole de Dieu faite homme,  elle est la figure de  l'Incarnation.

    Cette représentation de l'Incarnation se conjugue selon 4 types qui sont à l'origine de toutes les icônes de la Theotokos, il s'agit de la Vierge orante, de la Vierge Eleousa, de la Vierge Kyriotissa et de la Vierge Hodigitria. Ce sont surtout les deux dernières qui nous intéressent ici.

    Icone de la Kyriotissa, Ste Catherine du Mont Sinaï, 6ème s. La Vierge porte l'Enfant et est entourée de St Georges et St Théodore et de 2 anges

    kyriotissa_vi_sinai_belmontedu.jpg

    La Vierge Kyriotissa est la Vierge souveraine, la Vierge en  majesté, elle est assise sur un trône et porte le Christ Emmanuel.

    Le trône de Sagesse est à la fois l'objet qui évoque la Jérusalem céleste, et le titre donné à la Vierge puisqu'elle porte et enfante, le Christ Sagesse de Dieu.

    Le Christ Emmkyriotissa_moscou_15.jpganuel n'est pas un enfant, c'est un petit adulte conscient de son rôle. De la main gauche il tient un rouleau, celui des Ecritures qui annonce sa venue, ce rouleau deviendra ultérieurement un livre puis il sera reemplacé par un globe, signe du pouvoir universel. De la main droite il bénit en levant l'index et le majeur (les deux natures du Christ) et en croisant le pouce vers l'annulaire et l'auriculaire (union des trois personnes de la Trinité).

    Ci-contre icône moscovite  du 15ème s.

     

     

     

    La Vierge regarde le fidèle, elle est hiératique sur son trône, de ses vêtements ne sortent que ses deux mains, elle tient l'enfant sur ses genoux, elle a parfois trois étoiles sur le front, l'épaule et le vêtement pour souligner sa triple virginité.

     

     

     

     

     

     

    Les vierges auvergnates

    Elles correspondent bien au type Kyriotissa : position hiératique, symétrie générale, Enfant portant un livre ou un globe de la main gauche, geste de bénédiction de la main droite. La seule différence porte sur les mains de la Vierge, elles sont géantes pour mieux protéger l'Enfant, la main droite lui tient le haut du corps ou le bras qui bénit, tandis que la main gauche tient le bas du corps.


    vvauclair_cantal.jpgo_vierge_romane_CF.jpgnd_La_dreche_Albi_12.jpgVierge_a_l_Enfant_de_Vernols_bois_polychrome.jpgVierge_a_l_Enfant_d_Usson_bois_polychrome.jpgorciva2.jpg


    Les Vierges ci-dessus proviennent de Clermont-Ferrand, La Dreche, Vauclair, Usson et Vernols


    Sur cette image de la Vierge d'Orcival on voit bien le trône de Sagesse, avec ses colonnes et arcades, architecture de la Jérusalem céleste

     


     

     

    Cette représentation n'est pas réservée aux Vierges statuaires, chartres_notre_dame_belle_verriere.JPG

    on la trouve dans la vitail de Chartres, Notre Dame de la belle Verrière,12ème s.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La Vierge Hodigitria

    Elle est différente, c'est celle qui conduit les hommes vers Dieu, celle qui montre le chemin. Elle porte l'Enfant sur son bras gauche et de sa main droite elle montre le chemin vers l'Homme Dieu. Cette représentation est, selon la légende, celle qui fut peinte par saint Luc. D'où son importance. elle a donné de très nombreuses icônes célèbres

    Ci dessous icône du musée Kastoria

    Hodegetria musee Kastoria.jpg

    La Vierge Hodigitria a servi de modèle aux peintres italiens des Trecento et Quattrocento, mais ils gardent le trône de sagesse et la composition en pied entourée d'anges

    giotto_madonna_in_glory.jpgDuccio_Rucellai_1285.jpg180px-Cimabue_033.jpg


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Maestà de Giotto 1313, de Cimabue 1280 et de Duccio 1285


     

    pour une étude détaillée voir http://www.culture-et-foi.com/coupsdecoeur/oeuvres_dart_2003_vierges_majeste.htm

     

    Ces vierges de la Renaissance

    vont évoluer pour donner des vierges plus tendresLa_vierge_yy_la_chaise_1515.jpglippi_vierge_enfant_1440.jpg

    comme ici celle de F. Lippi vers 1440

    et la célèbre Vierge à la chaise de Raphaël en 1515

    mais elles sont assez proches de la  Vierge Eleaousa ou vierge de miséricorde et de  tendresse caractérissée par le contact joue à joue  entre la mère et l'enfant

    Donskaya_14e.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ci contre Vierge du Don 14ème s.


     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ces exemples montrent l'importance des modèles byzantins et russes dans l'art occidental médiéval et de la Renaissance mais ils montrent aussi qu'à une tradition orientale de la reproduction de modèles bien caractérisés, l'occident oppose une création continuelle de formes nouvelles.

     

  • NATIVITE de Jésus, ACCOUCHEMENT de Marie

    En ce temps de Noël et après avoir vu la représentation de Marie enceinte, il est temps de passer à son accouchement. Se confond-il avec la Nativité ?balaam marie ste priscille.jpg

    La représentation de la Nativité apparaît très tôt puisque dès le IIIe siècle on trouve dans les catacombes de Sainte-Priscille à Rome, une Vierge Marie présentant l'Enfant-Jésus, qui regarde une étoile.

     

     

     

     

     

     

    Mais l’iconographie de la Nativité s'articule vite autour de différentes conceptions de l'enfantement du Christ.

    L'ensemble des nativités occidentales, jusqu'au XVIe siècle, dérive du modèle syrien. Dans cette version, la Nativité est un véritable accouchement et la Vierge est toujours couchée, l'enfant est étendu sur la crèche entre les deux animaux, une étoile brille au-dessus de lui, ou un ange annonce la naissance à des bergers, saint Joseph, présenté souvent en simple figurant, est assis, la scène se passe dans une grotte ou une étable construite dans une grotte. ottonian master.jpg

    Voici une nativité d’un parchemin ottonien de 1025, sur lequel on trouve ces éléments.

    D’où vient la tradition du bœuf et de l’âne ? celle de la grotte ? De l’évangile apocryphe (c'est-à-dire non reconnu par les canons de l’Eglise, car trop tardif) du Pseudo-Matthieu, chapitre 14 : “Or, deux jours après la naissance du Seigneur, Marie quitta la grotte, entra dans une étable et déposa l’enfant dans une crèche, et le bœuf et l’âne, fléchissant les genoux, adorèrent celui-ci. Alors furent accomplies les paroles du prophète Isaïe disant : ““Le bœuf a connu son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître””. Ce texte est le premier à harmoniser l’évangile canonique de Luc qui parle de l’étable avec la tradition de la grotte.

     

     

     

     

     

    duccio.jpgUn autre récit fait aussi son apparition dans cette représentation, celui des deux sages-femmes. Leur présence est naturelle dans une scène d’accouchement, elles doivent laver le nouveau né pendant que Marie se repose. Mais selon le Protévangile de Jacques ch. 18 à 20, écrit toujours apocryphe, elles doivent attester de la virginité de Marie, et si la première ne connaît aucune hésitation, la seconde, Salomé, incrédule, demande à constater. Sa main se desséchant, il lui suffit pour guérir de toucher l’enfant, ou simplement ses langes.

    Nativité de Duccio di Buoninsegna 1308 duccio_nativite_c_1308-11.jpg

    On voit par là que cette représentation de la Nativité sous la forme d’un accouchement, cherche le réalisme mais n’exclut pas le merveilleux.

     

     

     

     

    Du milieu du XIIIe à la fin du XIVe, sous l'influence de l'iconographie italienne, pénètrent peu à peu des attitudes de tendresse. Marie s’occupe de son enfant, Joseph ne reste plus passif, les différents personnages deviennent les acteurs d’une même scène alors qu’avant l’Enfant pouvait être représenté plusieurs fois comme dans une BD.

    Ainsi cette Nativité du Maître de Salzbourg datée de 1400 est elle très différente de celle du baptistère de Pise, grande œuvre de Nicolas Pisano de 1260.

    maitre de Sazbourg.jpg
    Pisano 1260 baptistere Pise.jpg


    A la fin du moyen Age, cette Nativité comme accouchement va évoluer vers un autre modèle. En Italie, on voit apparaître au milieu du XIVe, la Vierge à genoux. Puis le thème de l'adoration se substitue au thème de l'accouchement.

    La Vierge alors qui visiblement n'a pas souffert, est agenouillée, les mains jointes devant l'Enfant nu et lumineux, couché sur une botte de paille ou sur un pan de manteau. . Quant aux sages femmes elles ont naturellement disparues. Cette idée d'un enfantement sans souffrance existait déjà dans l’antiquité sur quelques sarcophages et ivoires  mais il était très rare. L’adoration devient le seul thème à partir de la  Renaissance.

    christus petrus 1452.jpg
    antonazio romano 1480.jpg


    Nativité flamande de Petrus Christus en 1452 et italienne d'Antonazzio Romano en 1480

    Ce n’est que lorsque  les normes iconographiques s’estompent au XIXème et surtout au XXème  s. que  la représentation de la Vierge accouchée réapparaît mais souvent  il ne s’agit plus de peinture religieuse.

    A gauche Nativité de Hippolyte Flandrin 1856   à droite clle de Paul Gauguin Te Tamari No Atua 1896


    19 FLANDRIN LA NATIVITE. ADAM ET EVE REPRIMANDES.jpg
    gauguin66.JPG


    Consultez l'album joint, vous y trouverez des scènes classiques commentées par un expert et des scènes où la relation entre Marie et Jésus est d'une grande douceur, et où Joseph est très actif.

    JOYEUX NOEL

  • VIERGES ENCEINTES suite

    J'ai publié une note sur la représentation de la Vierge Marie enceinte de Jésus en décembre 2006. Un historien québécois de Champlain, René BEAUDOIN,  a récemment ajouté un long commentaire à ce que j'avais écrit, je l'en remercie vivement et je publie donc la liste des vierges enceintes qu'il a établie avec l'image correspondante si elle est disponible (voir l'album)

    Auparavant je voudrais préciser l'histoire de cette représentation, à partir d'un article de Marie-France Morel, Paris CNRS, Embryons glorieux et embryons immatures : iconographies contrastées des grossesses sacrées et du limbe des enfants (XIIIe-XVIe siècles)

    L'originalité du christianisme tient en grande partie dans l'Incarnation, Dieu qui se fait Homme en naissant d'une femme, en étant "le fruit de ses entrailles".

    D'où la volonté médiévale de représenter conception, grossesse et nouveau né.

    Pélendri, Chypre, Eglise Sainte-Croix (XIVe siècle).jpgC'est à travers la scène de la Visitation, la rencontre de Marie et d'Elisabeth, toutes deux enceintes,  que la grossesse de Marie est le plus souvent représentée. Pour signifier la grossesse des deux femmes, les artistes ont recours à plusieurs procédés : le simple gonflement des robes  ; parfois Marie et Élisabeth se tâtent le ventre ou les seins ; ou bien on montre en transparence les deux "embryons". Ces représentations de la Visitation avec les deux embryons visibles ont été très populaires à la fin du Moyen Age,  avant d'être censurées par les théologiens.

    fresque de Pélendri, Chypre, Eglise Sainte-Croix (XIVe siècle) http://www.unifr.ch/scant/news/activites/colloque_embryon_prog.htm

     

    Outre les représentations des grossesses dans la Visitation, l'art chrétien  a beaucoup représenté la Vierge enceinte, seule, comme objet de dévotion pour les fidèles. Vierge-du-signe.jpg

    L'Orient byzantin et russe ne représente  pas la Vierge enceinte, mais parfois elle porte l'Enfant devant sa poitrine à la fois embryon et nouveau né. Ainsi cette Vierve de Novgorod du 12ème s http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-14078014.html

     

     

    En Occident, le plus souvent, la grossesse est seulement suggérée par le ventre rond ou le gonflement de la robe, mais il faut faire mention des sculptures  dites Vierges de l'Espérance.  La sculpture la plus célèbre est celle de la petite église jurassienne de Chissey-sur-Loue qui date des environs de 1550. Mais on en trouve de nombreuses répliques dans toute la France, aussi bien dans la France du nord.  

    En 1545-1563, le concile de Trente a réitéré les condamnations antérieures au nom de la théologie, mais aussi au nom de la décence, ce qui est la marque d'une nouvelle sensibilité. Il devient désormais "indécent" de représenter des conceptions, des grossesses et même des naissances sacrées. Les représentations de Vierges enceintes avec embryons ont disparu au cours du XVIIe siècle au fur et à mesure que progressait la Contre Réforme.

     

    Restent cependant des Vierges enceintes reconnaissables par leurs ventres qu'elles montrent avec plus ou moins d'ostentiation. Les  créations plus récentes sont à mettre en relation avec la nouvelle fierté des femmes enceintes, plus qu'à une théologie de l'incarnation.


    Voici les lieux donnés par René Beaudoin.

    cucugnan.JPGÀ l’église Saint-Julien et Sainte-Basilisse (1861) de Cucugnan (Aude), la chapelle sud abrite une statue de la Vierge enceinte du XVIIe siècle.  Une exposition sur «Les Vierges enceintes en France» est présentée à l'intérieur de cette église. Cette exposition présente la dizaine de «Vierges Enceintes» trouvées en France :

     

     



    Brioude (Haute-Loire)

    Plomeur (Finistère)  voir album

    Laroque-des-Albères,

    Prades et Perpignan (Pyrénées-Orientales)

    Chissey-sur-Loué (Jura)

    Oulchy-le-Château (Aisne)

    Arcachon (Gironde) voir album

    Belpech et Cucugnan (Aude) voir album


    René Beaudoin rajoute qu'il en a trouvé d'autres en France :

    1) Musée d'art sacré de Le Val (Provence), situé dans la Chapelle de Notre-Dame-de-l'Annonciade , dite Chapelle des pénitents; voir album voir album

    2) Église Notre-Dame-de-Grâce à Eyguières (Provence) voir album

    3) Abbaye des Allois, à Geneytouse (Haute-Vienne), dont il ne reste que la statue de la Vierge enceinte du XVIIIe siècle voir album

    4) Il y a une statue d'une femme enceinte, décapitée à la Révolution, à la chapelle Sainte-Élisabeth à Grignoncourt (Vosges). Les responsables croient qu'il pourrait s'agir de Marie, à moins que ce ne soit Élisabeth. voir album

    5) L'Escarène (Alpes-Maritimes), une belle Vierge enceinte et assise. voir album


    et ailleurs dans le monde :

    1) À Cuba, dans l'église de Santa-Maria de Cayo voir album

    2) Au Québec, Jacques Bourgault en a sculpté une pour l'église de Saint-Jean-Port-Joli (Chaudière-Appalaches) voir album

    3) Au Québec, dans l'église de Matane (Bas-Saint-Laurent)  voir album

    4) Au Portugal, dans la chapelle du château de Montemort O veihlo au sud de Porto voir album

    mais aussi à Evora (NdR) voir album

    5) En Argentine, dans une église de Salta , voir album

    et semble-t-il au Brésil à Rio de Janeiro NdR voir album

     

    René BEAUDOIN vient de publier un article dans Wikipedia, complet et mis à jour

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vierges_enceintes

     

    Il faudrait cependant distinguer parmi toutes ces Vierges enceintes, les Femmes de l'Apocalypse, des Maries enceintes. La Femme de l'Apocalypse (Ap 12, 1-2 "Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement" ) a été assimilée à la Vierge Marie mais sa représentation ajoute toujours un ou plusieurs éléments : un serpent sous le pied, un croissant de lune, un vêtement en relation avec le soleil, une couronne étoilée. Celle de Brioude (voir ci dessus) en est un exemple. Les autres vierges enceintes sont plutôt en référence avec l'Avent.

     

    Fin ou à suivre ?

  • NOEL DE HAINE

     

     

     

     

     

     

     

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    En visite à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne  http://www.historial.org/  un formidable musée par ses collections et par sa pédagogie, j’ai découvert une surprenante Adoration des Rois Mages.

     

     

     

     « Historial de la Grande Guerre – Péronne (Somme) »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La mise en scène semble au premier abord assez classique. Une crèche de bois avec sa mangeoire, le bœuf et l’âne, Joseph debout,  Marie habillée de  bleu, est assise et tient l’Enfant Jésus sur ses genoux, les 3 rois, le plus âgé étant à genoux devant l’Enfant, les cadeaux au sol, les anges au ciel, les moutons sur terre… mais il y a détournement de cette mise en scène classique.  Joseph voyant l’empereur Guillaume apprête l’âne pour  fuir en Egypte, alors que c’est Hérode qui le fait normalement fuir. L’enfant apeuré par les rois, se tord de douleur, et Marie détourne le regard, l’encens sort d’un brûle parfum en forme d’obus… L’opposition entre le bien et le mal coupe la scène en deux parties, gauche et droite comme sur les tympans romans du jugement dernier. L’aigle allemand posé sur le toit menace l’enfant mais l’alerte est donnée par le chien qui hurle et l’araignée qui descend au dessus de Guillaume protège l’Enfant (rappel de la légende de celle qui a fermé la grotte contre les hommes qui poursuivaient la sainte famille lors de la fuite en Egypte). 

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    A droite tout est ténèbre, feu et sang, un squelette et un monstre à tête de loup sanguinaire, tiennent la cape de Guillaume, des dragons et des bêtes infernales s’agitent, tandis que les soldats contemplent une ville qui brûle et que les contemporains reconnaissent comme Reims et sa cathédrale.

                       

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    mages_gauche_web.gifA gauche tout est bleu, lumière et musique. Tandis que le soleil se lève entre les montagnes, l’étoile des mages brille entourée d’angelots, d’autres anges musiciens chantent la gloire de Dieu.  

       mages_morts_web.gif

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Des hommes se relèvent comme les morts qui ressuscitent et se tourne vers cette lumière. 

     

     

     

     

     

     

     

    Et Jeanne veille, elle est la bergère protégeant son troupeau mais elle  est aussi un nouveau saint Michel avec ses ailes et sa grande épée, prête à défendre l’Enfant contre le dragon.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La bordure reprend l’opposition gauche-droite et y rajoute une opposition haut –bas, le IHS du haut (monogramme de Jésus en latin ou sigle de Jésus Sauveur des Hommes) s’opposant au « Gott mit uns »  et aux trois blasons impériaux du bas. Et dernier clin d’œil, le peintre signe du bon côté, en bas à gauche.

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     J’ignore si cette œuvre a été une commande ou une création individuelle, et si elle a été diffusée, mais elle entre bien dans le mouvement de diabolisation de l’ennemi qui a été si fort pendant la grande guerre. On retrouve ici, d’une part la concentration de la haine sur le Prussien Guillaume II, incarnation de tout le mal allemand,  et d’autre part la sacralisation du conflit par la mobilisation du sentiment et de la culture religieuse. De nombreux illustrateurs ont représenté l’empereur allemand face au Christ dans des scènes souvent reproduites dans la presse illustrée et en cartes postales. Si vous en connaissez n’hésitez pas à me contacter.

     

     Un grand merci à Marie-Pascale Prévost-Bault, Conservateur en chef de l'Historial, pour son aide et ses conseils