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grande guerre

  • NOEL DE HAINE

     

     

     

     

     

     

     

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    En visite à l’Historial de la Grande Guerre de Péronne  http://www.historial.org/  un formidable musée par ses collections et par sa pédagogie, j’ai découvert une surprenante Adoration des Rois Mages.

     

     

     

     « Historial de la Grande Guerre – Péronne (Somme) »

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La mise en scène semble au premier abord assez classique. Une crèche de bois avec sa mangeoire, le bœuf et l’âne, Joseph debout,  Marie habillée de  bleu, est assise et tient l’Enfant Jésus sur ses genoux, les 3 rois, le plus âgé étant à genoux devant l’Enfant, les cadeaux au sol, les anges au ciel, les moutons sur terre… mais il y a détournement de cette mise en scène classique.  Joseph voyant l’empereur Guillaume apprête l’âne pour  fuir en Egypte, alors que c’est Hérode qui le fait normalement fuir. L’enfant apeuré par les rois, se tord de douleur, et Marie détourne le regard, l’encens sort d’un brûle parfum en forme d’obus… L’opposition entre le bien et le mal coupe la scène en deux parties, gauche et droite comme sur les tympans romans du jugement dernier. L’aigle allemand posé sur le toit menace l’enfant mais l’alerte est donnée par le chien qui hurle et l’araignée qui descend au dessus de Guillaume protège l’Enfant (rappel de la légende de celle qui a fermé la grotte contre les hommes qui poursuivaient la sainte famille lors de la fuite en Egypte). 

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    A droite tout est ténèbre, feu et sang, un squelette et un monstre à tête de loup sanguinaire, tiennent la cape de Guillaume, des dragons et des bêtes infernales s’agitent, tandis que les soldats contemplent une ville qui brûle et que les contemporains reconnaissent comme Reims et sa cathédrale.

                       

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    mages_gauche_web.gifA gauche tout est bleu, lumière et musique. Tandis que le soleil se lève entre les montagnes, l’étoile des mages brille entourée d’angelots, d’autres anges musiciens chantent la gloire de Dieu.  

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    Des hommes se relèvent comme les morts qui ressuscitent et se tourne vers cette lumière. 

     

     

     

     

     

     

     

    Et Jeanne veille, elle est la bergère protégeant son troupeau mais elle  est aussi un nouveau saint Michel avec ses ailes et sa grande épée, prête à défendre l’Enfant contre le dragon.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La bordure reprend l’opposition gauche-droite et y rajoute une opposition haut –bas, le IHS du haut (monogramme de Jésus en latin ou sigle de Jésus Sauveur des Hommes) s’opposant au « Gott mit uns »  et aux trois blasons impériaux du bas. Et dernier clin d’œil, le peintre signe du bon côté, en bas à gauche.

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     J’ignore si cette œuvre a été une commande ou une création individuelle, et si elle a été diffusée, mais elle entre bien dans le mouvement de diabolisation de l’ennemi qui a été si fort pendant la grande guerre. On retrouve ici, d’une part la concentration de la haine sur le Prussien Guillaume II, incarnation de tout le mal allemand,  et d’autre part la sacralisation du conflit par la mobilisation du sentiment et de la culture religieuse. De nombreux illustrateurs ont représenté l’empereur allemand face au Christ dans des scènes souvent reproduites dans la presse illustrée et en cartes postales. Si vous en connaissez n’hésitez pas à me contacter.

     

     Un grand merci à Marie-Pascale Prévost-Bault, Conservateur en chef de l'Historial, pour son aide et ses conseils