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  • VIERGE MARIE ENCEINTE DE JESUS

    J'apprends par la radio, Europe1, qu'un fabricant de santons d'Aubagne, a créé une figurine de la Vierge Marie, enceinte de Jésus, figurine qu'on peut placer dans la crèche en attendant la nuit du 24-25 décembre.

    Or il paraît que certains fidèles sont choqués et protestent, le curé déclare que ce n'est pas habituel mais qu'il n'y "a pas de quoi fouetter un chat"

    Jusqu'où ira la bétise et l'ignorance des dits chrétiens !! Ils n'ont jamais dû comprendre qu'il existait 9 mois de gestation entre l'Annonciation (25 mars) et la Nativité (25 décembre); ni lire la prière de l'Ave Maria "et Jésus le fruit de vos entrailles est béni", ni entendre parler de la Visitation de Marie à Elisabeth, ni voir tous les tableaux de cette scène... Voir  http://imagesbible.jexiste.fr/FICHES/F_NT_visitation.htm

    Cela tombe justement avec une exposition sur la représentation de "Marie enceinte " organisée par le Musée de la cathédrale de Salzbourg  http://www.kirchen.net/dommuseum/page.asp?id=8451

    dont je joins 2 images, l'une de Marie enceinte, l'autre qui montre l'embryon dans son ventre, cette dernière représentation fut medium_Marie_enceinte_Heimsuchung_Kremsmuenster_Web_L.jpgd'ailleurs jugée de mauvais goût après le concile de Trente. medium_1770_MariaHoffnung_StPeter_Salzburg.jpg

     

     

     

     

     

     

     

    Marie France Morel (voir article précédent) a  écrit un article sur ces représentations.

     

    medium_Vierge_4244.jpgEt c'est sans doute au XIXème s. que l'image d'une Marie enceinte a disparu, comme toutes les femmes enceintes d'ailleurs, qui devaient se cacher. Mais j'ai touvé cette statue de vierge enceinte datant de 1865 devant l'église de Cornillon-Confoux en Provence  voir   http://www.cornillonconfoux.com/francais/dec2.html

    Aujourd'hui elles s'affichent et donc on en fait un santon. C'est tout naturel.

  • NATIVITE AVEC JOSEPH ET EVE

    A propos de la dernière note sur Nativité Jésus ou Jean Baptiste  ? voici ce que m’écrit Marie-France MOREL, historienne de la petite enfance, medium_Plat1Allaitement.3.jpgqui vient de publier aux Editions La Martinière, Une histoire de l'allaitement, un ouvrage passionnant avec une superbe iconographie magnifiquement commentée.

     

     

     

     

    « Il s’agit bien d’une Nativité du Christ, qui fait partie d’un quadriptyque comportant l'Annonciation, la Nativité, la Crucifixion et la Résurrection. Son origine est complexe, son attribution incertaine (voir note)

                                               medium_JB_Jesus.3.jpg

     

     

     

    Deux détails sont particulièrement originaux dans cette scène de la Nativité :

    medium_Joseph_chausse.jpg  1)      L'attitude de Joseph qui ne lit pas mais tient son bas Cette attitude est difficile à interpréter. Il a un pied nu, posé bien en évidence devant une de ses chaussures délacée. Il tient dans ses mains un de ses bas : j'ai longtemps cru qu'il le reprisait. Mais, selon Joaneath Spicer, il est en train de découper son bas pour confectionner des langes à l'Enfant Jésus. Cette interprétation est renforcée par le fait que, dans la région d'où le peintre anonyme serait originaire, à Cologne, on vénérait une relique des langes de l'Enfant Jésus.    

    Cette iconographie est tout à fait singulière, mais elle fait partie de celles qui mettent en scène un Joseph actif. Cf. le livre récent de Paul Payan, Joseph, un autre père (Aubier, 2006) qui distingue 3 types de représentations de Joseph :

    + Joseph "ridicule" (ou en retrait) : en fait,  il est songeur, il pense à l'Incarnation. C'est un intermédiaire entre le spectateur et la scène sacrée.

    + Joseph à genoux qui adore l'Enfant avec la Vierge.

     + Joseph actif : il fait du feu,  ou il souffle sur les braises, ou il prépare la bouillie de l'Enfant, ou bien il réchauffe les langes devant le feu ; c'est le père nourricier, qui peut parfois s'identifier à un pèlerin (lors de la fuite en Egypte), avec un bâton et parfois, comme ici, une gourde sur la petite table. medium_nativite_bouillie.jpg

    Une autre représentation de Joseph actif se trouve dans une très belle Nativité allemande  de Konrad von Soest, datée du XVe siècle,  dans l'église paroissiale de Niederwildungen (Hesse).

     

    Et sur cette miniature  (d'un Livre d'Heures à l'usage de Troyes,début du XVème s. publiée dans l'ouvrage sur Une histoire de l'allaitement) Joseph prépare la bouillie de Jésus

     

     

     

      2) Un autre détail original de cette scène de la Nativité est constitué par la femme au tablier, car elle porte une auréole. Selon Teresa Pérez-Higuera, La Nativité dans l'art médiéval, Citadelles & Mazenod, 1996, p.118, il s'agit d'Eve, en illustration d'un passage de l'"Evangile arménien de l'Enfance. ». medium_Eve_sagefemme.jpg

    Selon cet apocryphe, Joseph sentant que Marie allait bientôt accoucher, part chercher une sage-femme. Il rencontre une femme "qui venait de la montagne" qui veut bien l'accompagner. En chemin, il lui demande son nom ; elle lui répond :

    "Je suis Eve, la première mère de tous ceux qui sont nés et je suis venue voir de mes propres yeux ma rédemption qui vient de se réaliser. (…) Et notre première mère entra dans la grotte, prit l'enfant dans ses bras, et le caressa avec tendresse. Et elle bénissait Dieu parce que l'Enfant avait un visage resplendissant, aux traits ouverts et beaux. Et l'enveloppant dans ses langes, elle le déposa dans la mangeoire des bœufs, puis sortit de la grotte."  

       

    (Note)  Cette Nativité du Christ fait partie d'un Quadriptyque, peint à la cour de Bourgogne aux alentours de 1400, pour le duc Philippe le Hardi ; ce retable de petites dimensions (38 x 26 cm environ, pour chaque panneau) et pliable en accordéon, aurait servi de support aux dévotions privées du duc lorsqu'il était en voyage. Le thème des six panneaux (répartis aujourd'hui entre le musée d'Anvers et celui de Baltimore) est une affirmation de la divinité du Christ incarné, d'où il découle que sa promesse de salut se réalisera. Les quatre panneaux centraux évoquent l'Annonciation, la Nativité, la Crucifixion et la Résurrection ; deux volets extérieurs montrent la divinité du Christ révélée à Jean Baptiste lors du Baptême, et saint Christophe, patron des voyageurs. En 2004, l'ensemble des six panneaux a été réuni exceptionnellement dans le cadre de l'exposition du musée des Beaux-Arts de Dijon, "L'art à la cour de Bourgogne. Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur (1364-1419)" (28 mai-15 septembre 2004). Le catalogue de cette exposition, publié par la Réunion des Musées Nationaux, réfute absolument l'hypothèse de l'attribution de ce chef d'œuvre à Melchior Broederlam, qui a travaillé aussi à Dijon pour le duc Philippe le Hardi. Pour le conservateur du Walters Art Museum de Baltimore, Joaneath Spicer, qui a rédigé la notice sur ce quadriptyque (p. 206-207), il faut reprendre les déductions de Panofsky qui attribue cette œuvre à un artiste anonyme de la région du Rhin inférieur ou du Rhin moyen ; cette attribution est renforcée par l'étude des nombreux détails familiers qui parsèment les scènes, et par les proportions des personnages. L'attribution à Melchior Broederlam est en revanche soutenue, sans arguments convaincants, par le Centre for the  Study of XVth Century Painting in the Southern Netherlands and the Principalty of Liège (xv.kikirpa.be)

  • NATIVITE JESUS OU JEAN BAPTISTE ?

     

    La Nativité célèbre généralement la naissance de Jésus mais pourquoi pas d’autres naissances ?

     

    medium_JB_Jesus.jpg

    Au cours de mes recherches iconographiques j’ai rencontré cette œuvre de Melchior BROEDERLAM, une tempera sur panneau de bois datant de 1394 et qui se trouve au Musée Mayer van den Bergh à Anvers. Le titre en est « La Nativité » qu’il faut donc comprendre comme la naissance de Jésus. Il s’agit d’une représentation traditionnelle de l’accouchement de la Vierge avec  la sage femme.

    (voir sur mon site http://imagesbible.com/FICHES/F_NT_nativite.htm )

     On trouve les éléments classiques de cette scène : l’âne et le bœuf, les anges dans le ciel, la représentation de Dieu le Père est plus originale, mais celui qui pose problème est Joseph.

    medium_4_Nativite_Guido_da_Siena.2.jpg

    Joseph est toujours représenté dans cette scène d’accouchement mais il est souvent mis dans un coin, sans occupation. Certains y on vu une sorte de bouderie devant cette paternité putative, il vaut mieux comprendre l'attitude comme une méditation. Mais  ce n’est pas le cas ici où on le voit occupé à écrire sur un rouleau et il semble que la Vierge soit intéressée par ce qu’il écrit.

    Nativité, GUIDO DA SIENA, huile sur bois, Musée du Dôme, Sienne

     


    medium_JB_Fouquet_det.jpgOr il existe une naissance où le père est précisément en train d’écrire, c’est celle de Jean le futur Baptiste dont le père est le prêtre Zacharie.  En effet dans l’Evangile selon Luc quand l’ange annonça à Zacharie qu’il allait avoir un fils, il ne le crut pas et  fut puni, en restant muet, jusqu'à la réalisation de la promesse Lc 1,18-23. Aussi pour donner le nom de l’enfant, au moment de la circoncision, il est obligé de l’écrire, et «à l’instant même sa bouche s’ouvrit et sa langue se délia ». Lc 1, 59-66 

    La présence de Zacharie, le père de l’enfant, qui écrit sur une tablette ou une feuille est donc un élément caractéristique de cette scène de naissance  et évite de la confondre avec celle de Jésus ou celle de Marie.

     

     Cidessus Naissance de Jean Baptiste par Jean Fouquet, Heures d’Etienne Chevalier, Musée Condé, Chantilly  http://expositions.bnf.fr/fouquet/grand/f097.htm

    La scène du bain prend un relief particulier pour Jean le futur baptiste. Zacharie est à droite, c’est la Vierge qui tient l’enfant.

     

    La question est donc de savoir si le tableau de Melchior BROEDERLAM représente la naissance de Jésus avec un Joseph confondu avec Zacharie, ou s’il s’agit de la naissance de Jean le Baptiste avec des attributs de celle de Jésus ? La première hypothèse me semble plus pertinente mais le pourquoi reste entier. Qui a des lumières sur ce sujet ?

    Quelques images d’illustration 

    D’abord deux nativités de Jean où Zacharie est bien en train d’écrire

     

    medium_JB3.jpg            medium_Jean_B_1.jpg
      A gauche La naissance de St Jean Baptiste; GENTILESCHI; 1635 huile sur toile, Musée du Prado, Madrid http://www.wga.hu/art/g/gentiles/artemisi/birth.jpg

     

    A droite La dénomination de ST Jean, FABRITIUS, 1650, huile sur toile, National Gallery, Londres

    http://www.nationalgallery.org.uk/cgi-bin/WebObjects.dll/CollectionPublisher.woa/wa/largeImage?workNumber=NG1339&collectionSection=work

     

     

    Dans l'évangile de Luc la scène se passe en deux temps, d'abord la naissance puis 8 jours après, la circoncision et c'est alor que Zacharie écrit le nom de l'enfant. Cette double scène peut donner deux tableaux voisins ou un montage comme chez GIOTTO.

     medium_JBGiotto.jpg           medium_JB2bis.jpg
      A gauche Naissance et dénomination du Baptiste, GIOTTO, 1320, fresque, Santa Croce, Florence http://www.wga.hu/art/g/giotto/s_croce/1peruzzi/baptis2.jpg

      A droite  Zacharie écrit le nom de son fils ; GHIRLANDAIO, 1486-90, fresque, Santa maria Novelle, Florence http://gallery.euroweb.hu/art/g/ghirland/domenico/6tornab/62tornab/4naming.jpg


     

    Mais il existe aussi des Naissances de Jean le Baptiste où Zacharie est absent ou simple spectateur.
    Il n'est pas surprenant de voir une nourrice allaiter J.B. à la place de sa mère, cela était habituel dans les milieux riches car le premier lait de la mère était jugé mauvais.
    medium_JB1.2.jpg              medium_JBTinto.jpg
      

    A gauche Naissance de St Jean Baptiste, Maître néerlandais, vers 1420, enluminure sur parchemin ; Musée madame, Turin http://gallery.euroweb.hu/art/zgothic/miniatur/1402-450/tresbell/07n_1400.jpg

     

    A droite Naissance de St Jean Baptiste, LE TINTORET, vers 1540, huile sur toile ; Musée de l’Ermitage, St Petersbourg