Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Joseph

  • QUEL REVE POUR JOSEPH ?

    8516b75e9d637dbda90af0e0836f28fb.jpg

     Les œuvres sont référencées dans l’album

     

    Joseph, celui du Nouveau Testament rêve deux fois. Il s’agit des textes de l’évangile selon Matthieu dans lequel Joseph joue un plus grand rôle que chez Luc.

     

    Le premier songe est celui où l’ange lui révèle la future naissance de Jésus

    Voici quelle fut l'origine de Jésus Christ... Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu'ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint.  Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.  Il avait formé ce projet, lorsque l'ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c'est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Mt, 1, 18-21 Textes liturgiques, © AELF, Paris

    Le second songe a lieu après la visite des mages

    Après le départ des mages, l'ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l'enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l'enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu'à la mort d'Hérode. Mt 2, 13-15 Textes liturgiques, © AELF, Paris

    Comment ces scènes ont-elles été représentées ?

    Le premier rêve est une véritable « annonciation » à Joseph, comme il y a une annonciation à Marie.

    08c6d65e84f215ab2a479e1236fd6141.jpgAinsi sur le tableau de Philippe de Champaigne, c’est le même ange qui se retourne, après l’annonce à Marie pour parler à Joseph. Sur cette gravure de Weigel,  comme sur cette peinture anonyme florentine on voit aussi des indices de l’annonciation, la colombe pour l’un, les fleurs blanches signe de virginité pour l’autre.

     

     

    57c074164bec6af7150801471e1b01dd.jpg        fe0fa9972eacce9b7d3fde4e81f4e92d.jpg
               

      Le second rêve a lieu après la naissance de Jésus et il est donc représenté avec Marie, la scène est une « sainte famille ». C’est le cas de cette peinture de Rembrandt. a9aace9eb84426b098681ee6c564c2de.jpg

    Comment les distinguer ?

    Mais souvent les songes ne montrent qu’un ange parlant à Joseph endormi, et il est plus difficile de reconnaître lequel des rêves est représenté.

    2e05c762293761b5c02c295cd96dd595.jpg

     Le fait que l’ange réveille Joseph en le touchant est sans doute l’indice qu’il doit partir, qu’il y a danger, dans le tableau de Gandolfi, l’ange montre déjà la direction à prendre.

    0bfeba1534166b8b915a4d5952f2e2d7.jpg

    Mais alors la représentation du second rêve est beaucoup plus fréquente que la première, c’est d’ailleurs un peu normal car  d’une part la théologie de l’incarnation se fonde plus sur l’annonciation à Marie que sur celle à Joseph. Et d’autre part la fuite en Egypte est un sujet bien représenté car il permet des développements narratifs, dont le rêve de Joseph est le premier élément.

     

    D’autres rêves ?

    Les rêves sont nombreux dans la bible, et celui du jeune Jacob est souvent mis en scène (voir http://imagesbible.com/FICHES/F_A_Jacob_angeS.htm ) mais la vision de nombreux anges voire d’une échelle devrait facilement écarter toute confusion, ce n’est pourtant pas le cas de cette peinture de Ferdinand Bol.  

    8b05f7750f10398eadc9ba368ed36ec9.jpg
  • NATIVITE AVEC JOSEPH ET EVE

    A propos de la dernière note sur Nativité Jésus ou Jean Baptiste  ? voici ce que m’écrit Marie-France MOREL, historienne de la petite enfance, medium_Plat1Allaitement.3.jpgqui vient de publier aux Editions La Martinière, Une histoire de l'allaitement, un ouvrage passionnant avec une superbe iconographie magnifiquement commentée.

     

     

     

     

    « Il s’agit bien d’une Nativité du Christ, qui fait partie d’un quadriptyque comportant l'Annonciation, la Nativité, la Crucifixion et la Résurrection. Son origine est complexe, son attribution incertaine (voir note)

                                               medium_JB_Jesus.3.jpg

     

     

     

    Deux détails sont particulièrement originaux dans cette scène de la Nativité :

    medium_Joseph_chausse.jpg  1)      L'attitude de Joseph qui ne lit pas mais tient son bas Cette attitude est difficile à interpréter. Il a un pied nu, posé bien en évidence devant une de ses chaussures délacée. Il tient dans ses mains un de ses bas : j'ai longtemps cru qu'il le reprisait. Mais, selon Joaneath Spicer, il est en train de découper son bas pour confectionner des langes à l'Enfant Jésus. Cette interprétation est renforcée par le fait que, dans la région d'où le peintre anonyme serait originaire, à Cologne, on vénérait une relique des langes de l'Enfant Jésus.    

    Cette iconographie est tout à fait singulière, mais elle fait partie de celles qui mettent en scène un Joseph actif. Cf. le livre récent de Paul Payan, Joseph, un autre père (Aubier, 2006) qui distingue 3 types de représentations de Joseph :

    + Joseph "ridicule" (ou en retrait) : en fait,  il est songeur, il pense à l'Incarnation. C'est un intermédiaire entre le spectateur et la scène sacrée.

    + Joseph à genoux qui adore l'Enfant avec la Vierge.

     + Joseph actif : il fait du feu,  ou il souffle sur les braises, ou il prépare la bouillie de l'Enfant, ou bien il réchauffe les langes devant le feu ; c'est le père nourricier, qui peut parfois s'identifier à un pèlerin (lors de la fuite en Egypte), avec un bâton et parfois, comme ici, une gourde sur la petite table. medium_nativite_bouillie.jpg

    Une autre représentation de Joseph actif se trouve dans une très belle Nativité allemande  de Konrad von Soest, datée du XVe siècle,  dans l'église paroissiale de Niederwildungen (Hesse).

     

    Et sur cette miniature  (d'un Livre d'Heures à l'usage de Troyes,début du XVème s. publiée dans l'ouvrage sur Une histoire de l'allaitement) Joseph prépare la bouillie de Jésus

     

     

     

      2) Un autre détail original de cette scène de la Nativité est constitué par la femme au tablier, car elle porte une auréole. Selon Teresa Pérez-Higuera, La Nativité dans l'art médiéval, Citadelles & Mazenod, 1996, p.118, il s'agit d'Eve, en illustration d'un passage de l'"Evangile arménien de l'Enfance. ». medium_Eve_sagefemme.jpg

    Selon cet apocryphe, Joseph sentant que Marie allait bientôt accoucher, part chercher une sage-femme. Il rencontre une femme "qui venait de la montagne" qui veut bien l'accompagner. En chemin, il lui demande son nom ; elle lui répond :

    "Je suis Eve, la première mère de tous ceux qui sont nés et je suis venue voir de mes propres yeux ma rédemption qui vient de se réaliser. (…) Et notre première mère entra dans la grotte, prit l'enfant dans ses bras, et le caressa avec tendresse. Et elle bénissait Dieu parce que l'Enfant avait un visage resplendissant, aux traits ouverts et beaux. Et l'enveloppant dans ses langes, elle le déposa dans la mangeoire des bœufs, puis sortit de la grotte."  

       

    (Note)  Cette Nativité du Christ fait partie d'un Quadriptyque, peint à la cour de Bourgogne aux alentours de 1400, pour le duc Philippe le Hardi ; ce retable de petites dimensions (38 x 26 cm environ, pour chaque panneau) et pliable en accordéon, aurait servi de support aux dévotions privées du duc lorsqu'il était en voyage. Le thème des six panneaux (répartis aujourd'hui entre le musée d'Anvers et celui de Baltimore) est une affirmation de la divinité du Christ incarné, d'où il découle que sa promesse de salut se réalisera. Les quatre panneaux centraux évoquent l'Annonciation, la Nativité, la Crucifixion et la Résurrection ; deux volets extérieurs montrent la divinité du Christ révélée à Jean Baptiste lors du Baptême, et saint Christophe, patron des voyageurs. En 2004, l'ensemble des six panneaux a été réuni exceptionnellement dans le cadre de l'exposition du musée des Beaux-Arts de Dijon, "L'art à la cour de Bourgogne. Le mécénat de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur (1364-1419)" (28 mai-15 septembre 2004). Le catalogue de cette exposition, publié par la Réunion des Musées Nationaux, réfute absolument l'hypothèse de l'attribution de ce chef d'œuvre à Melchior Broederlam, qui a travaillé aussi à Dijon pour le duc Philippe le Hardi. Pour le conservateur du Walters Art Museum de Baltimore, Joaneath Spicer, qui a rédigé la notice sur ce quadriptyque (p. 206-207), il faut reprendre les déductions de Panofsky qui attribue cette œuvre à un artiste anonyme de la région du Rhin inférieur ou du Rhin moyen ; cette attribution est renforcée par l'étude des nombreux détails familiers qui parsèment les scènes, et par les proportions des personnages. L'attribution à Melchior Broederlam est en revanche soutenue, sans arguments convaincants, par le Centre for the  Study of XVth Century Painting in the Southern Netherlands and the Principalty of Liège (xv.kikirpa.be)