Les artistes ont diversement découpé le récit de telle sorte que l'on peut distinguer des représentations de la Descente de croix, de la Déposition, de la Déploration (parfois réduite à deux personnages, la Vierge et le Christ, dans les Vierges de Pitié, et de la Mise au tombeau. Le Christ est allongé sur son linceul que tiennent Nicodème (aux pieds) et Joseph d'Arimathie (à la tête du Christ). La Vierge, saint Jean et une ou plusieurs saintes femmes, parfois des soldats, assistent à la scène ou y participent. Les nombreuses Mise au tombeau , sculptées conservées dans les églises sont souvent désignées par le nom de « Saint-Sépulcre » ou simplement le « Sépulcre »
DESCENTE DE CROIX
Descente de Croix, Pierre Paul Rubens 1616, chapelle des Capucins de Lille
Les diagonales, définies par le linceul et autour desquelles s'enroule l'ellipse, sont inversées en un voluptueux déchaînement
Une œuvre baroque avec un clair-obscur caravagesque, elle montre le corps livide d'un cadavre au milieu d’une foule vivante.
On reconnaît Nicodème et Joseph d'Arimathie, tous deux membres du Sanhédrin deux notables devenus disciples de Jésus, détachant de la croix, avec l'aide d'un serviteur musclé, le corps du Christ que soutient Jean. Au pied de la croix se trouvent les trois Marie éplorées : la Vierge, Marie-Madeleine et Marie-Cléophas,
Tout en bas du tableau, la bassine de cuivre, la couronne d'épines, le périzonium tâché de sang, l'éponge et les clous forment une nature morte d'une grande délicatesse.
Une ellipse passe par la robe violine de Marie-Madeleine, son bras, le torse de Jean, le linceul entourant le bassin du Christ, la main de Nicodème, le corps du serviteur, la traverse de la croix, ligne qui redescend selon la diagonale marquée par le bras de Joseph et le linceul déployé, diagonale s'achevant par le bas de l'échelle accolé à la bassine.
La déposition ; SCHEDONI, Bartolomeo ;1613, huile sur toile, Galleria Nazionale, Parma
Tableau maniériste où la douleur, l’interrogation, la foi… s’expriment par le jeu des mains.
Les couleurs de la vie et la lumière de la vie, blancheur du linceul qui annonce la résurrection, les herbes vivantes. Le ciel noir de la mort selon les évangiles synoptiques
La déposition, BÖCKLIN, Arnold (+ 1901 Suisse célèbre pour l’île des morts) ; 1871-74, tempera and coloured varnish on panel, 160 x 250 cm ; Nationalgalerie, Berlin
Ruptures nombreuses : art préraphaélite ou Nazareen, mise en scène théâtrale
codes des personnages : groupes éclatés, jean avec Marie Mad, Marie vieille
code du Christ : posé à terre, cadavre par rapport aux autres, yeux ouverts
Couleurs froides, lumière diffuse
Des personnages en couples , qui ne forment pas une scène sauf par les sentiments, Jésus est le centre de ces sentiments
Jean console Marie Madeleine très théâtrale, au lieu de Marie ; Joseph et Nicodème face à face, Marie face à Dieu et à nous, douleur moderne
Piéta, Giovanni Bellini –. 1471-1474. huile sur panneau, 106 x 84 cm. Pinacoteca Vaticana, Vatican
Ce tableau se trouvait sans doute au dessus d’un Couronnement de la Vierge, dont il constituait une cimaise
Il est construit autour de l’huile : celle qui oint (Christ = oint de Dieu) et celui qui reçoit l'onction, Marie Madeleine lui a donné du temps de son vivant, elle le fait sur le corps mort. Ne pas oublier que l’huile est ce qui permet d’éclairer les lampes de l’époque, elle est donc lumière
PIETÀ
La Pietà, ou Vierge de Pitié, est un thème artistique en sculpture et peinture chrétienne représentant la Vierge Marie en Mater dolorosa, une mère pleurant son enfant qu'elle tient sur ses genoux
Bellini La madone del prato 1465
Pietà ; Michel-Ange, 1499 Statue de Marbre, 174 X 195 Basilique Saint-Pierre, Vatican
C’est une commande datant de 1497 du cardinal français ambassadeur de France auprès du pape. Elle était destinée à la chapelle des rois de France, Sainte Pétronille de l’ancienne basilique Saint-Pierre.
Le visage de la Vierge est resté jeune, comme préservé du temps et sa tête se penche légèrement sur le corps sans vie de son fils couché sur ses genoux.
Le corps du Christ mort montre à la perfection l'état des muscles, des veines et des nerfs.
Vasari parle de "beauté divine", nous sommes ici moins dans un face à face avec la douleur, que dans l'absolue beauté qui est la conséquence du salut.
Pietà, Rosso Fiorentino 1537-1540 Huile sur bois transférée sur toile, 125 x 159 cm Musée du Louvre, Paris
L’espace est supprimé, Des couleurs qui hurlent, comme les personnages par la douleur, c’est Marie qui est crucifiée par la douleur
Sorte de gloire de la mort qui annonce la résurrection
MISE AU TOMBEAU
Mise au tombeau du Christ, WEYDEN, Rogier van der ;1450,huile sur bois, 110 x 96 cm, Galleria degli Uffizi, Florence
Le tombeau caverne rappelle celui de Lazare
C’est une pure transposition de la crucifixion selon Jean
La Mise au tombeau Le Caravage 1602-1603 ; Huile sur toile, 300 cm x 203 cm ; ROME, Pinacothèque Vaticane
En 1797, la toile fut emportée à Paris avec les prises de guerre de Bonaparte. Restituée en 1815,
Une dalle de pierre semble faire le lien entre le drame qui se joue et nous.
Jésus mort est porté par deux hommes, il est en partie enveloppé dans un linceul qui dessine une courbe arrondie dont les plis complexes font penser à un ensevelissement pressé.
Le premier homme le soutient Sa main droite repose sur le ventre du mort.
Le deuxième homme est d’âge mûr, Joseph n’est pas l’homme riche d’Arimathie dont parle Matthieu, mais représenté ici comme un homme de basse condition, un ouvrier, quelqu’un qui est là pour servir et aider à déposer le corps dans le tombeau. il se tourne vers le spectateur et semble le prendre à témoin.
Groupe de trois femmes. Une vêtue de blanc et de bleu, une femme, d’un âge certain, étend les bras : seules ses mains sont visibles. Les deux autres femmes, malgré leur attitude différente, sont unies, par leur vêtement, par leur douleur
Le tombeau n’est pas dessous la pierre, On distingue dans le fond gauche de la toile l’ouverture d’une tombe creusée dans le rocher.
Le groupe se tient donc sur la pierre qui fermera ce sépulcre, mais qui ne peut être roulée.
La nature est présente : deux plantes vertes, un figuier étend ses branches dans le fond de la toile, en haut à droite.
Opposition très nette entre la richesse des couleurs et la variété des étoffes et la clarté et la nudité du corps de Jésus.
La lumière inonde surtout le corps du Christ. Le Vivant est mort, mais le Caravage fait ruisseler la lumière sur ce corps. C’est lui et son linceul qui irradient alors que l’univers est dans la nuit.
La douleur, la peine, la souffrance sont bien présentes. Mais elles sont comme colorées par un sentiment de paix que nous retrouvons sur le visage de Marie et de Marie-Madeleine.
« Ce devrait être de la désespérance. C’est l’heure de la peine. C’est l’heure de la certitude. C’est l’heure où l’humanité, rassemblée autour de son Sauveur mort, forme avec lui, de ses mains et de ses visages, le cœur et les rayons d’une immense roue qui pourrait tourner et l’entraîner toute vers l’abîme, mais demeure au contraire immobile et exprime, non sans douleur, non sans une immense douleur, mais avec majesté, la certitude que l’absurdité du monde est vaincue » Dominique Ponnau