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JESUS ET LA SAMARITAINE

 

Fatigué du chemin, Jésus était assis tout simplement à même au puits. C'était environ la sixième heure.  Arrive une femme de Samarie pour puiser de l'eau. Jésus lui dit : ''Donne-moi à boire.''  Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.   Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : ''Comment ? Toi, un Juif, tu me demandes à boire à moi, une femme samaritaine !''   Jean 4, 6 à 9  mais il faut lire toute la scène Jean 4, 1 à 43

 

La rencontre entre un homme et une femme autour d’un puits, la bible connaît d’autres rencontres au puits.  

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Jacob et Rachel    Livre de la Genèse chapitre 29 Dès que Jacob eut vu Rachel, la fille de son oncle Laban, et le troupeau de son oncle Laban, il s'approcha, roula la pierre de sur la bouche du puits et abreuva le bétail de son oncle Laban.  Jacob donna un baiser à Rachel

  

Sebastiano Conca 1680-1764

 

 

3 moses_Ricci.jpgMoise et la fille de Jethro    in Exode 16  Le prêtre de Madian avait sept filles. Elles vinrent puiser et remplir les auges pour abreuver le troupeau de leur père. Les bergers vinrent les chasser. Alors Moïse se leva pour les secourir et il abreuva leur troupeau

 

 Sebastiano Ricci 1659-1734

 

 

 

1 Murillo Eliezer et Rebeccarebecca.jpgEliezer et Rebecca                   Genèse 24   Rebecca sortit, sa cruche sur l'épaule … Elle descendit à la source, remplit sa cruche, et remonta.  Le serviteur [Eliezer] courut au-devant d'elle, et dit: Laisse-moi boire, je te prie, un peu d'eau de ta cruche.  Elle répondit: Bois, mon seigneur. Et elle s'empressa d'abaisser sa cruche sur sa main, et de lui donner à boire

  

Murillo 1618-1682  

 

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Poussin 1594-1665

Eliezer et Rebecca de chaque côté du puits évoquent bien Jésus et la samaritaine





L’homme (en tant que masculin) étranger passe presque par hasard, mais ce hasard est comme la trace de la main invisible de Dieu qui semble diriger les événements pour faire advenir un mariage. Le lieu   « puits » est  chargé de symboles ; l’eau du puits est porteuse de vie et de fécondité pour les troupeaux et pour les humains : le serviteur d’Abraham y rencontre Rébecca qui deviendra la femme d’Isaac, Jacob tombe amoureux fou de Rachel qu’il épousera  ; Moïse recevra comme femme Siphora, une des sept  qu’il a défendues contre des bergers

La main de Dieu met sur la route de l’étranger une bergère pour qu’elle devienne porteuse de la vie. Dans le texte de Jean, Jésus et la Samaritaine, lui aussi passe aussi par hasard, et comme Eliezer il demande à boire, mais la situation s’inverse et c’est Jésus qui donnera l’eau vive à la femme.

 

 

LE CHRIST ET LA SAMARITAINE

 

            Cette scène est présente dans les premières représentations chrétiennes, dans l’église de Doura Europos  et dans les Catacombes romaines avec autres scènes de salut.

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Très vite en Orient,  se structure un modèle : le Christ est assis, la femme debout, de chaque côté de l’eau ou du puits. Dans la fresque géorgienne, le puits est remplacé par la cruche donnée par la femme à Jésus, mais placée de telle façon que l’on peut aussi comprendre que c’est lui qui donne à boire. Magnifique échange.

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  En occident les artistes reprennent la tradition orientale du puits central avec Jésus et la Samaritaine de part et d’autre, mais la scène se contextualise par le paysage : la ville de Sychar et le mont Garizim où les Samaritains adorent Dieu, et d’autres éléments du récit sont introduits.  Dans ce tableau de Francesco Botticini (1446 - 1497) les apôtres qui arrivent de la ville sont bien représentés, on dirait qu’ils dansent, du moins le groupe du fond. Devant Pierre tient les pains. L’œuvre prend donc une valeur sacramentelle : l’eau du baptême et le pain de l’eucharistie, tout cela dans une ambiance festive, celle du Royaume. Au fond la foule accoure vers cette vie nouvelle, et elle est menée par la Samaritaine qui est devenue une disciple. Le temps d’adorer sur la montagne est fini, il faut venir adorer en vérité grâce aux deux sacrements.

                   

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       Francesco Botticini (1446 - 1497)

                       

 Voici quelques œuvres que l’on peut interroger avec quelques les questions suivantes :

            Le paysage et  la ville

            Le puits et l’eau

La position du Christ et de la femme

            La rencontre et le dialogue

            Les disciples qui arrivent : attitude, nourriture

 

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Juan de Flandes vers 1460- 1510

Le mont Garizim est bien visible,  mais pas de ville. Jésus arrive, la femme ne l’a pas vu, il n’est pas reconnaissable pour elle, ni pour nous, la scène commence.
L’eau  est bien visible, elle coule. Le puits est surmonté d’une sorte de potence. Allusion au supplice de Jésus, à la passion tandis que l’eau qui coule renvoie au baptême. On peut y voir une image de  Jean.19, 34 « un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau. »

 

 

 

 

 

 

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Jacques Stella 1596-1657  

L’eau coule de la même façon mais cette fois le contexte antique est souligné par l’architecture et le dialogue s’engage, Jésus assis ouvre un avenir à la femme (diagonale vers le haut et la droite). Certains y voient comme un scène de séduction.

 

             

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Philippe de Champaigne,1602 -1674  pour les carmélites jansénistes du couvent St Jacques

La ville et le puits existent mais les personnages occupent presque toute la surface, le bleu obtenu avec du lapis lazul perce le tableau.  Nous sommes au ciel. 

 
Le peintre  semble insister, par les attitudes, sur ce qui sépare les deux personnages. Le Christ développe son discours sans égard particulier pour la jeune femme, qui  sur le point de repartir (main et pieds). Cela permet de placer plusieurs moments du dialogue dans cet échange.

 

 

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Rembrandt 1606-1669

 

Le contexte est très visible mais peu samaritain, le peintre actualise. La femme est au centre, immobile, les bras croisés, elle écoute elle médite. A gauche Jésus est incliné comme s’il la saluait, la main sur la poitrine, il demande, propose. Le puits devient une cuve baptismale, et à droite les apôtres  commentent.

 

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Henryk Siemiradzki 1843-1902 est un peintre polonais vivant en Ukraine, il cherche un certain réalisme oriental : paysage, fontaine-puits, oliviers. La aussi Jésus estMarthe marie Henryk_Hector_Siemiradzki_SIH012.jpg en position de demande alors que la femme est assez distante. Mais au centre le puits et donc le baptême. On peut comparer cette image avec celle de Jésus chez  Marthe et Marie, le peintre prend le même contexte, les mêmes modèles mais Jésus est au centre et il enseigne, domine Marie.

 

                 

     

redon_francfort.jpgRedon 1840-1916

 

Cette représentation est un face à face, sans lieu ni date,  le contexte a disparu. La samaritaine découvre le Christ. On peut le voir comme le ressuscité lumineux mais aussi ne voir que sa tête au dessus du puits, resplendissant de la lumière de la grâce, quant à la cruche rouge , elle devient une sorte de matrice, signe de fécondité donnée par l’eau et par la rencontre.

 

 

 







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Daniel Bonnell est un peintre américain contemporain en 1955.

Là aussi, nous sommes dans un face à face mais avec des références orientales. La femme médite, prie, se regarde dans l’eau de la cruche. L’eau est donnée à Jésus et aussi reçue par la femme. Un Jésus en prière qui comme chez Rembrandt est discret, demandeur. Une méditation priante sur le baptême.

 

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