Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ELISABETH

Elisabeth est une femme qui apparaît uniquement dans l'évangile selon Luc 1, 5 à 57. Elle est présentée comme une femme de la tribu d'Aaron, l'épouse du prêtre Zacharie, la femme vieille et stérile qui reçoit la promesse d'un fils, Jean qui deviendra le baptiste. Elle est aussi la parente de Marie dont l'évangile ne dit rien sauf que c'est une jeune fille fiancée à Joseph. Elisabeth est la femme de l' Ancien Testament, Marie celle du Nouveau Testament, les 2 femmes enceintes se rencontrent c'est ce que l'on appelle traditionnellement la Visitation.

ghirlandaio.jpg

Visitation de Ghirlandaio 1449-94

 1491 date sur le tableau MCCCCL  XXXXI
Tempera sur bois,

172 x 165 cm

église Ste Marie des Pazzi Florence puis
Musée du Louvre, Paris

 

 

 

 


Deux femmes très différentes par âge, vêtement position

Marie jeune, belle, robe rouge et grand manteau bleu, car elle arrive de l'extérieur et entre chez Elisabeth, celle ci s'agenouille en signe de salut ? En fait elle touche le ventre de Marie et c'est devant Jésus qu'elle s'agenouille, elle regarde la broche de Marie, un cœur, sur son sein ?

Elisabeth s'abaisse mais Marie s'incline, pour la relever. Mais les mains sont appuyées sur ses épaules, donc aussi signe de salutation. Double salutation qui marque l'inégalité

Couleurs: le bleu n'est pas le bleu de Marie, sombre par rapport à toute la scène, l'orange de Elisabeth désigne la révélation de l'amour divin mais toutes deux ont des robes rouges, passion ? Feu de l'amour divin ? Dieu est au centre de la scène

A gauche Marie Jacobi fille de Cléophas selon une tradition apocryphe, cet homme aurait été le mari d'Anne, ce qui en fait la ½ soeur de Marie, mère de Jésus. Elle lui ressemble, elle est très enceinte, et le montre. Or le bras d'Elisabeth et son regard vont vers elle.
Cela s'explique par le contexte du commanditaire : peinture commandée par Lorenzo Tornabuoni pour sa chapelle dans l'église de Cestello (aujourd'hui Santa Maria Maddalena dei Pazzi) de Florence, en mémoire d'une jeune femme de la famille, Giovanna morte enceinte.

 A droite Marie fille de Salomé, lui aussi mari d'Anne, donc aussi½ soeur de Marie, mère de Jésus. elle lui ressemble moins, elle est en mouvement et en prière, elle regarde la visitation, comme nous, invitation à la prière ?

Ainsi tous les regards sont tournés vers la gauche, sauf celui de Marie pourquoi ?
Tournés vers le passé (vecteur vers la gauche) vers l'Ancien testament, alors que Marie regarde l'avenir, relève Elisabeth comme « Dieu relève Israël son serviteur » selon le Magnificat
Elles forment un triangle solide, dynamique

Regards tournés vers la Passion  La présence de Marie-Jacobé et de Marie-Salomé, témoins de la Crucifixion et de la Résurrection, peut se comprendre comme une allusion au sacrifice futur du Christ et à la rédemption de l'humanité.

Décor central = mer, port, mais surtout Rome avec colonne, arc et surtout Panthéon dans l'axe de l'arc du 1er plan , donc un axe de Incarnation vers l'ancienne Rome, axe de la  nouvelle Jérusalem

Une histoire familiale qui devient une histoire sainte et une histoire universelle



 pontormo.jpg

 

Visitation de Jaopo Carucci dit Pontormo (sa ville) 1494-1557


Huile sur bois , 202 x 156 cm 1530
église San Michele, Carmignano (Florence)

 

 

 

 

 





Une rencontre qui remplit l'espace

Marie et Elisabeth face à face , une embrassade mais la vieille soutient la jeune, la vieille est un peu plus petite, elle se soulève , elle danse ?

Echange intense des regards, quel message ?

Elles sont enceintes, mais Marie est la plus grosse , alors qu'elle ne l'est que depuis 3 mois

Elles sont dans des rectangles = stabilité, pesanteur, équilibre ; leurs bras sont symétriques, horizontaux = stabilité calme, mais le vecteur d'Elisabeth, est tourné vers le passé, celui de Marie vers l'avenir. C'est cependant Elisabeth qui agit, elle transmet par son regard, par le mouvement de ses bras

Les servantes ? Immobiles, pétrifiées. Ce sont les doubles des 2 femmes surtout pour Elisabeth, elles appellent le spectateur, celle de Marie avance, l'autre en retrait ? Que ou qui regardent elles ? Leur regard dépassant la scène créent un espace, nous met dans cet espace, nous sommes plus que témoins

Contrairement au texte, Elisabeth semble rendre visite à Marie En fait tout le monde marche, mais pose figée, un instant de grâce

Espace avec point de fuite au centre des femmes sur leurs ventres , alors que Marie est axe central

Lumière : le ciel est sombre entre nuit et aube,  la clarté n'est pas celle du soleil, elle vient du haut à gauche, elle inonde, elle révèle, c'est elle qui visite et crée l'unité des femmes

Couleurs : rouge et vert pour Maries couleurs complémentaires ; vert gris et orange pour Elisabeth, la même chose en moins vif ?
Vert= espérance, manifestation de l'amour et sagesse divine au MA, associé à la régénération de la nature et spirituelle
on voit bien l'utilisation différente pour Elisabeth = vert printanier espoir de la délivrance et Marie= vert sombre de l'émeraude qui selon légende est conçue par le soleil 
Orange = procède du rouge et du jaune, couleur de l'or, de Dieu, donc révélation de l'amour divin à l'âme humaine, cette couleur forme un calice qui porte Elisabeth comme coupe divine qui porte espoir de printemps, elle coiffe Marie, comme une marque, un choix divin
Rouge = force courage, couleur de l'Esprit, du feu et donc amour divin, couleur du Christ, ici rose qui

Décor gris sale, nuit , les femmes sont sur une terrasse, qui domine la ville à gauche. Les spécialistes reconnaissent  Florence, et la porte qui mène vers Rome

En bas à gauche : une petite scène avec 2 hommes : les maris ? Le peintre et son élève ? Pain et vin ? Une autre incarnation ? nous ?

Théologie = Une rencontre parallèle à Annonciation mais symétrie absolue, pas venue de Dieu (pas mouvement vertical) mais présence de Dieu (mouvement horizontal), profonde incarnation

Une passation , un échange, une transition entre AT et NT, Elisabeth donne regard, étreinte... elle est confiante, elle transmet la bénédiction . Une rencontre de l'autre et de soi

Contexte historique : 1530 juste après le sac de Rome, Florence humiliée... pape Clément VII Médicis tenu pour responsable, il a voulu jouer contre l'empereur et il a été obligé de l'appeler au secours... il est il est temps de renouveler l'Eglise,
Elisabeth vient de Rome pour visiter sa cousine à Florence, la vieille Rome embrasse la future Eglise , celle dont rêvait le Florentin Savonarole +1498.



 rembrandt.jpg

 

 

 Rembrandt 1606-1669

Visitation

huile sur toile 56,5 x 50 cm (1640, Detroit, Inst. of Arts)











Une peinture  narrative  : au 17 ème s. Marie, sa servante et Joseph ? viennent d'une ville, ils montent vers un sanctuaire où vivent Zacharie et Elisabeth, et un jeune serviteur. Ceux ci sortent pour les accueillir, les femmes sont en avant et se rencontrent sur le seuil. Les cieux s’ouvrent et éclairent la visite.

 Une trouée de lumière dans la nuit

La nuit : la ville,

En bas à droite: l'homme et sa mule = Joseph ? référence à la fuite en Egypte ?

Une servante mulâtre

la « maison » de Zacharie, un temple ?

La lumière tombe du haut sur Marie, mais sur son dos, elle éclaire Elisabeth qui reçoit la lumière, le message de Dieu

Pour Rembrandt: éloquence d'un effet de lumière à la fois concentré et dynamique, le paysage lui sert déjà à exprimer un état d'âme et prend une dimension poétique supérieure.

Composition : centre occupé par une sorte de podium, le devant du sanctuaire, en hauteur; les mouvements convergent vers le centre; axe vertical passe entre les 2 femmes

Les couleurs : gamme de bruns, une chaude tonalité brune,  une profondeur enveloppante

un peu de blanc et du vert (manteau et ombre)

vert couleur de la contemplation , attente, espérance, la vie

Les personnages : opposition entre les 2 femmes, jeunesse, beauté, mais  elles sont peu enceintes, elles ne se touchent pas le ventre

Marie est dévoilée, par une servante noire, elle porte la vie, la lumière, elle est droite

Elisabeth embrasse Marie , comme un aveugle qui reconnaîtavec ses mains

Zacharie (le même modèle que l'Abraham dans le Sacrifice d'Isaac de 1635) sort s'appuyant sur un jeune serviteur, il semble plus aveugle que muet

Joseph ? Monte avec l'âne vers quoi ?

Servante mauresque enlève le manteau de Marie, pourquoi si haut , pourquoi vert ? Un manteau qui ressemble à un serpent , Marie nouvelle Eve

Les animaux : chien : la fidélité, la foi , tourné vers Marie ?il la reconnaît

Paon : sans couleur, regard par derrière , nombreux petits qui accourent : symbolique double, vanité mais aussi immortalité (chair imputrescible) renouveau et résurrection, souvent associé à Nativité;
ils vivent la scène comme sacrée

Lectures possibles

             1 une simple rencontre narration et scène de genre

             2 le sacrifice à venir = celui d'Abraham (personnage, montée, paon), celui des innocents (fuite en Egypte)

 

             3 inversion de l'épisode de la rencontre d'Abraham et de 3 anges au chêne de Mambré (voir Genèse 18) :promesse de l'AT la naissance d'Isaac se réalise aujourdh'hui dans celle de Jean et de Jésus : c'est Elisabeth qui reçoit Dieu, elle était aveugle, elle reçoit la lumière, la vie nouvelle lui est dévoilée, par son enfantement mais plus encore par la naissance de Jésus

l'incarnation = péché écarté (serpent), vie verte , grâce lumineuse sur Marie , jeunes paons immortels

Zacharie n'a pas cru il est puni, mais il est guidé vers la lumière, le lieu de la rencontre devient l'inversion du sacrifice d'Abraham, Isaac sauvé par Dieu est devenu le sauveur



t Witz.JPG



A titre anecdotique , voici une Visitation de Konrad Witz, peintre suisse 1400 - 1445, où les embryons de Jésus et Jean Baptiste sont représentés, le second saluant le premier. Cette représentation est assez répandue à la fin du MA, elle est ensuite interdite par le Concile de Trente. 





La naissance de Jean Baptiste

x ferrari.jpg


Gaudenzio Ferrari

1471 - 1546  

tempera sur bois,

1505,  94 X 86

mais taille  réduite

musée de Brou












Les nativités de Jean Baptiste se distinguent de celles de Jésus, par le fait qu'Elisabeth est toujours couchée, et que l'on prépare ou que l'on donne un bain à l'enfant, scène en partie coupée ici par le rétrécissement du tableau (mais cette scène de bain existe aussi pour Jésus ou pour la nativité de Marie). Un élément qui est propre: le fait de voir Zacharie écrire le nom de l'enfant, puisqu'il est toujours muet.

Ici 2 éléments se surajoutent: la présence de Marie qui tient le petit Jean Baptiste, elle joue les servantes, ceci est totalement en contradiction avec le texte qui précise qu'elle part avant l'accouchement d'Elisabeth. Au fond une servante (sa tête est coupée par le rétrécissement du tableau) apporte des objets dont un plateau, on peut y voir une allusion à Salomé qui portera la tête de Jean Baptiste sur un plateau après sa décollation.


Les commentaires sont fermés.