Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • LA CONVERSION DE PAUL

       Dans les Actes des apôtres le récit de la conversion de Paul est raconté trois fois, la première au ch. 9, 1-19, est un récit indirect, la seconde au ch. 22, 3-21, se présente comme le récit direct de Paul devant les Juifs, et la troisième au ch.26, 9-18, est aussi un récit à la première personne mais adressé au roi Agrippa et aux autorités romaines.  Les différences entre ces trois textes concernent surtout la place des compagnons et le rôle relatif de la vue (la lumière) et du son (la voix). Mais les paroles du Seigneur Jésus sont partout les mêmes et il n'est fait aucune mention de sa reconnaissance visuelle. Quant au cheval très souvent représenté, il n'en est fait aucune mention (la tradition se fonde sur la supposition que Paul ayant été décapité, il était chevalier romain)

     

    LA THEOPHANIE

     

     1-flemalle-copie-1.jpg

     

     

    Tableau de Bertholet FLEMAL(LE) (1614 1675) du Musée des Augustins de Toulouse mais provient de la cathédrale de Liège, où il sera présent cet été 2011. 

     

    Toile immense 463 x 266 qui était au maître autel de la cathédrale St Paul, elle date de 1660

     

    La lumière est mise paradoxalement en valeur par l'obscurité qui est autour des acteurs. 

    Deux registres occupent la toile à égalité, le ciel avec le Christ qui avance vers nous, et les soldats qui vont en tout sens mais s'enfuient vers l'arrière. 

    Jésus est celui de la résurrection entouré d'anges, de  lumière et de sons. Une théophanie classique.

    Paul est assis, les yeux clos, aveuglé mais il écoute calmement, comme en  extase (allusion au verset 22, 17)

     

     

     

    2-tintoret-conversion-saint-paul.1181760005.jpg

    Jacopo TINTORET  1518-1594 toile de 152x236 cm  datée de 1545  

    National Gallery de  Washington  


    Après le coup de tonnerre divin sur la route de Damas, tout est désordre et tumulte, les chevaux se cabrent et tombent, les cavaliers sont désarçonnés, les fantassins s’enfuient. Paul renversé par la puissance divine, les bras en croix, est comme suspendu en l’air au dessus d’un rocher, il a perdu l’équilibre, il est prêt à basculer dans une nouvelle foi, une nouvelle vie. A noter la petite taille du Christ et sa position marginale

     

    3-william_blake_the_conversion_of_saul_print.jpg

       

    William BLAKE 1757 1827

    1800 petite estampe 23x30 coll.privée

     

    Libre représentation d'un Paul dont le cheval s'affaisse, les yeux bien ouverts, la lumière enveloppe ensemble le Christ et Paul, le mouvement créé par le Christ est orienté vers la mission (cf. le ch. 26 où la vision et l'envoi en mission sont concomitants)

      

    2 Le REALISME 

      4-caravage_paul_balbi.jpg

      LE CARAVAGE a représenté deux fois la scène , cette 1èreversion date de  1600, c'est une huile sur bois de cyprès, 237 x 189 cm, Rome, Collection Odescalchi Balbi

     

    Une mise en scène de mouvements suspendus.Version très dramatique de l’épisode, choix du moment de rupture, qui  est rendu par l’attitude du cheval, qui se cabre, la branche qui se casse, le Christ qui descend.... Mais ces mouvements sont sur des plans très rapprochés , il n'y a aucune profondeur.

    Paul se protège le visage des deux mains... Geste de frayeur, devant l'apparition du Christ , est-il sur la défensive, ou geste réflexe de l'homme qui sent sa vue lui manquer ? Son corps paraît souffrant, pourquoi son torse est-il nu ? il est désarmé, son épée est au sol.

    Le soldat protège Paul, contre quelqu'un qu'il ne voit pas.  Mais surtout il fait le geste de tuer le Christ,  c'est un homme de Damas (arme et costume oriental), un persécuteur des chrétiens donc du Christ. 

     

    Le Christ:  plonge vers Paul, avec un ange comme dans les théophanies mais ce n'est plus le ressuscité, c'est le Jésus d'avant la Passion, il a une ombre, et la lumière n'émane même pas de lui. C'est cette représentation qui explique le refus du tableau par son commanditaire,   Tiberio Cerasi, Trésorier-général du pape Urbain VIII.

       

     5-Le_Caravage._La_Conversion_de_St._Paul._1600-1601._Santa_.jpg

     

    La 2de version mesure  230 x 175 cm et se trouve à l'église Santa Maria del Popolo, Rome).  

    Toujours des plans ramassés sans aucune profondeur, on croit que le sabot menace  le visage de Paul, alors qu'il en est assez loin.

      Cette fois le Christ est absent, comment peut on reconnaître cette scène de la conversion de Paul ? c'est la représentation d'une scène profane, Dieu se trouve dans la lumière qui tombe à la verticale mais plus sur le cheval que sur Paul. Le clair obscur a une signification symbolique : le monde terrestre est plongé dans l’obscurité, et l’intrusion divine se signale par la lumière, le clair-obscur permet au Caravage de mettre en scène la grâce, le Christ vient briser le monde d’ici-bas mais il est invisible à ceux qui n'ont pas la foi.

    Saul se présente de trois-quarts arrière  : sa tête effleure le bord inférieur du cadre et nous ne sommes plus mis à l’écart.

      Il ouvre ses bras et reçoit cette fois la grâce qui s'offre. Sa posture exprime le désarroi mais ses mains font le geste des orants,  ses bras sont levés vers le ciel en un angle large, comme s'il voulait attirer à lui tout le monde et l'embrasser. Il est heureux et profite de ce moment qui dure.

    Car nous ne sommes plus dans un contexte d'un moment dramatique mais dans celui d'une durée, il y a eu   la chute, la vision, le temps de desseller le cheval qui est conduit vers l'écurie. Le cheval n'abaisse pas son sabot, il le lève, le serviteur médite, Paul est vit une expérience spirituelle exceptionnelle, et nous sommes invités à le suivre.

     

     

    3 LE SYMBOLISME

     

    7-parmesan_converion_paul.jpg

     

    LA CONVERSION DE PAUL Tableau de Francesco Mazzola dit le Parmesan (1503-1540)

     

    huile de 1527 qui mesure 177x128cm et se trouve au Kunsthistorische museum de Vienne.

    Le Christ est absent, Paul  entend mais ne voit rien

    Le Cheval occupe la place centrale. Ce cheval blanc est signe de triomphe surtout quand il estcabré. Triomphe antique, papal mais aussi celui de l'apocalypse = triomphe et puissance

    La peau de panthère qui le couvre est signe de noblesse mais c'est surtout la peau d'un animal assimilé au Christ (selon le Physiologos qui est un bestiaire chrétien de l'antiquité qui a eu une influence considérable au Moyen Âge). La panthère exhale un bon parfum qui séduit tous les animaux sauf le serpent qui fuit et le dragon qui se fige; 

    quand elle revient dans sa caverne , elle dort et ne se réveille que le 3ème jour; sa peau tachetée évoque les vertus du Christ : compassion, foi, paix, pureté... 

    donc ce cheval est l' image du Christ victorieux, séducteur et conquérant

      Position de Paul : il ne voit rien mais n'est pas aveuglé, il doit ouvrir les yeux, mais  à quoi ? à l' Evangile et aux nouveaux chrétiens cf. ch. 26

    il essaie de se relever pour se tenir prêt pour la mission. Il se lève comme l'Adam de Michel Ange, c'est une création. Ses bras sont en croix il imite le Christ. Il se relève comme Christ du tombeau, c'est une resurrection.

    Paul se fait le témoin de la mort et de la Résurrection

     

     Les compagnons  sont absents, le peintre isole Paul dans un baptême de lumière, il le montre recevant une révélation intérieure. Il exalte  la puissance de la grâce individuelle et le pouvoir d'une conversion radicale. Cela peut être vu comme une position luthérienne ou plutôt celle des « spirituels » de la grande Eglise dans ces années 1520-1530, le commanditaire, un professeur de médecine de l'université de Bologne en fait partie.